Le risque d'une nouvelle épidémie de grippe aviaire est passé de négligeable à modéré ce vendredi après la découverte d'un cas en France. Tous les canards et autres volailles doivent être mises à l'abri dans les zones les plus à risque. Une centaine d'élevages sont concernés dans les Landes.
"J'ai zéro bâtiment, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?" interroge Christophe Mesplède, éleveur de canards à Lesgor, petite commune située entre Dax et Mont-de-Marsan.
Il n'est pas encore concerné par les mesures qui viennent de tomber. A savoir la la mise à l'abri des volailles dans les exploitations se trouvant en zone dites à risque particulier (ZRP).
"Mais ça ne va pas tarder" redoute t-il, "ça risque de bouger de jour en jour".
Un cas avéré dans le nord de la France
A compter de ce vendredi 10 septembre le niveau de risque épizootique est passé de négligeable à modéré pour l'ensemble du territoire métropolitain comme le stipule un arrêté du ministère de l'agriculture.
Et ce après la récente découverte de l'infection d'un élevage dans les Ardennes par le virus de l'influenza aviaire (H5).
D'autres foyers, relevés tout près de la frontière, en Belgique et au Luxembourg, dans un couloir migratoire, ont conduit à l'instauration de ces mesures de prévention immédiates.
Il s'agit d'éviter à tout prix une nouvelle épidémie et une nouvelle crise dans une profession très affectée par les précédentes épizooties.
"C'est un seul cas pour l'instant et c'est loin, il faut espérer qu'on en reste là".
Eric Lafuente, le directeur de la chambre d'agriculture des Landes veut rester optimiste. "Mais on doit se préparer. Tous les éleveurs renforcent les mesures de bio sécurité. On verra quelle sera l'évolution dans 15 jours, 3 semaines".
"Ca démarre très tôt cette fois-ci" souligne pour sa part Christophe Mesplède. "D'habitude c'est toujours à l'automne, fin octobre, début novembre".
Production très affectée cette année
L'éleveur de Lesgor n'a pu remettre en route sa production qu'au mois de juin dernier après le long vide sanitaire imposé en début d'année. Et après avoir dû abattre l'ensemble de ses bêtes en janvier.
De toute l'année 2021 il n'a vendu que 3000 canards. Sur les 18 000 qu'il écoule habituellement.
"Je n'ai pu reprendre qu'en juin, depuis j'ai vendu un lot, je suis en cours d'élevage sur un 2e lot. Et on nous demande déjà de les mettre à l'abri ! D'habitude sur une année je produis 6 lots de 3000 canards !"
124 communes landaises se trouvent en zone à risque particulier.
"Elles sont principalement en zone humide ou dans les couloirs de migration" indique Eric Lafuente. "En ce moment tous les éleveurs de la zone sont en train de pailler les bâtiments, de rentrer l'alimentation, ils se préparent à rentrer leurs bêtes dès ce soir".
Tous sauf ceux qui ne possèdent pas de locaux fermés assez grands, voire n'en possèdent pas du tout. "Pour pouvoir mettre les animaux à l'abri il faut faire des investissements massifs et on n'a pas les moyens. Et puis quel banquier va accepter de nous prêter aujourd'hui ?" interroge Christophe Mesplède qui est aussi le vice -président du Modef des Landes, le mouvement de défense des exploitants familiaux.
Il redoute des sanctions. "Ceux qui ne suivront pas les directives, l'Etat ne les indemnisera pas s'ils doivent être contraints d'abattre leurs bêtes" craint-il.
"Et puis il y a le problème du label rouge qui garantit une production en plein air.
Si on doit rentrer les canards, la qualité n'est pas la même. C'est une catastrophe pour les volailles. Ce n'est pas la peine de faire du haut de gamme alors !" dénonce t-il.
Le plus grand flou
Les petits producteurs concernés par les restrictions espèrent obtenir le droit de garder leurs animaux à l'extérieur, sous filet de protection et dans des périmètres restreints comme lors des crises passées. Mais ces dérogations vont-elles être reconduites ? "On ne sait pas" assure Christophe Mesplède, "on est dans le plus grand flou. Le gouvernement devait éclaircir les choses avant l'automne mais on a tous été pris de court avec ce cas très précoce".
Côté préfecture, pas de réponse. "C'est le ministère de l'agriculture qui est seul habilité à répondre à ce sujet" nous dit-on. Mais le ministère ne répond pas. Du moins pas pour l'instant.
Une réunion entre représentants professionnels et autorités est prévue dans 10 jours. Elle pourrait bien être avancée.