Les oiseaux bleus sont attendus d'ici quelques jours dans le ciel landais. Ils vont migrer vers le sud. Un moment que les chasseurs attendent toute l'année. Ils passeront quasiment toutes leurs journées dans leurs palombières pendant plusieurs semaines.
"Tout me passionne dans la chasse à la palombe. Tout". Michel Achili est un assidu de la pratique. Avec son épouse Paulette, ils ne ratent pas une saison depuis près de 50 ans.
Leur palombière est enfouie dans une forêt de l'est des Landes, à Lacquy. A quelques jours du retour des oiseaux, ils terminent les derniers préparatifs, impatients.
"C'est superbe de voir migrer les palombes, les milans, c'est magnifique. Et puis, il y a tout le plaisir de voir le jour se lever, de passer la journée avec des amis".
Des journées de pur bonheur
Michel explique que la chasse en elle-même, la prise d'oiseaux, n'est pas la partie la plus importante. Il n'attrape qu'environ 200 palombes chaque saison sur les dizaines de milliers qui passent dans le ciel landais. Là n'est pas l'essentiel.
"Il y a les petits déjeuners avec des oeufs et une grande tranche de jambon. S'il y a une petite bouteille de Bordeaux qui traîne, on peut l'entamer. A midi, c'est le même phénomène avec l'apéritif, les discussions sur les prises du matin. Puis il y a l'après-midi de chasse et la fin de journée".
Moi, ici je passe un mois et demi, je suis rarement de mauvaise humeur. Je dors bien, je suis prêt à partir chaque matin et à recevoir du monde, c'est ça la palombière.
Ce loisir ou sport fait intégralement partie de la culture landaise. N'en déplaise aux détracteurs de la chasse.
Pas de fusil, pas d'arme à feu
Ici, pas de fusil, pas d'arme à feu. L'art de la prise consiste à attirer les oiseaux au sol où ils seront piégés par des filets.
"On laisse se poser les palombes sur les arbres. Au bout de 15 à 30 minutes, on imite leur chant pour les attirer. Comme c'est un oiseau curieux, il va vouloir descendre pour se nourrir ou pour boire. Le jeu, c'est de les faire se poser sur les filets et les refermer sur eux".
Une autre technique pour les attirer est d'employer d'autres palombes ou des pigeons enfermés dans des volières. Le bruit du battement de leurs ailes va aussi permettre d'appâter les proies.
"C'est un plaisir quand on en attrape d'en offrir aux amis. Ils en ramènent une à la maison, ils sont heureux" sourit Michel.
Une tradition menacée ?
Combien de temps pourra-t-il encore profiter de sa palombière ? C'est ce qui l'inquiète. "On sera débordés un jour ou l'autre. On nous a supprimé trop de chasses traditionnelles pour que ça ne se termine pas avec la suppression totale de l'acte de chasse" redoute le septuagénaire. "C'est triste. Les jeunes finiront par devenir de dangereux braconniers".
Il espère ne jamais voir arriver un tel moment et continuer à se rendre chaque automne dans son refuge. "C'est notre art de vivre. On a tout le temps vécu comme ça. Vous vous rendez compte le bonheur qu'on a ici ?"
Plus que quelques jours à patienter pour cette année. Les palombes ne sont plus très loin.
Regardez le reportage de Maria Laforcade et Alexis Dumoulin :