Il participe à la course la plus difficile du monde et perd sa boussole : le "Pierre Richard" du trail raconte son expérience sur la Barkley

Dans la vie Philippe Richet est coach mental. Cela tombe bien. Car il lui en a fallu du self-control pour faire face aux nombreuses péripéties rencontrées lors de l'incroyable Barkley, surnommée la course "la plus difficile du monde, qui s'est déroulée le week-end dernier dans le Tennessee.

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Il est la fougue incarnée. Le débit est rapide, les blagues fusent. Le récit, pétri d'autodérision. Philippe Richet est ce qu'on appelle un personnage. Le Landais, tout juste rentré à Mont-de-Marsan où il vit, sourit encore de cette "expérience stratosphérique". "La Barkley", comme on l'appelle, est un trail unique. Une course hors norme : près de 160 km avec un dénivelé de 18 000m. Un savant mélange d'exploit physique mais aussi mental de par les énigmes qu'il faut résoudre.  C'est la raison pour laquelle presque personne n'en vient à bout. Cette année, seuls cinq participants dont une femme ont franchi la ligne d'arrivée. Philippe Richet n'en fait pas partie. 

"Je suis un vrai chat noir"

Et pour cause, le Landais a perdu sa boussole au bout de 25 km. "Je suis un vrai chat noir", sourit Philippe Richet. "On m'appelle Pierre Richard, d'ailleurs je porte les mêmes initiales que lui". Blague mise à part, il a bien fallu réagir et faire preuve de sang-froid. Spécialité du Landais, coach mental de métier.

Car lors de la course, les participants doivent trouver un certain nombre de livres. Sans boussole, Philippe Richet avait peu de chance de s'en sortir.  "J’ai su que ma course était finie, je l’ai encaissé de suite", raconte-t-il.

Dans ces cas-là, il ne faut pas tergiverser. Maintenant, comment tu te tires de ce merdier ?

Philippe Richet

Traileur

 L'homme a pourtant de la ressource. "J'ai trouvé un Bolivien et un Japonais, et je les ai suivis. Mais dès qu'ils se trompaient, je me trompais avec eux forcément. Et dès qu’ils pouvaient me larguer dans les descentes, mon point faible, ils n’hésitaient pas". Au final, le Français perd trop de temps et se disqualifie. Tout comme ses deux "guides", soit dit en passant.

"Ce qui m’a plombé ce n’est pas le physique", rage Philippe Richet. "J'étais en forme, je n'avais même pas eu le temps d'aller puiser dans le mental. Non, ce qui m'a plombé, c’est la boussole". D'autant plus rageant qu'il la maîtrisait bien cette boussole. "C'est le colonel de la base de Mont-de-Marsan, la BA118, qui m’avait fait une formation accélérée pour savoir m'en servir. Je le remercie !". 

Le palmarès du Landais est pourtant impressionnant. "La Diagonale des Fous à la Réunion, pour moi c'est une rando", rigole-t-il. Premier à l'Inca Marathon en 2018, 3e au World Marathon Challenge en 2020, 4e au Marathon de l'Antarctique en 2019, Philippe Richet s'est aussi illustré à l'Ultra Trail du Mont-Blanc, ou encore au trail de la Muraille de Chine. 

Sept ans de préparation

Cette participation à la Barkley, il la préparait depuis sept ans. Mais là aussi la poisse s'est abattue. Le Covid 19, les frontières qui se ferment, une arrestation en Corée-du-Nord alors que les autorités l'avaient pris pour un journaliste, la guerre en Ukraine qui éclate alors qu'il se trouve en Sibérie, bref toute une série d'événements qui ont mis ses nerfs à rude épreuve. Et qui n'ont fait que repousser sa participation à la Barkley. Alors, en attendant, le Landais s'entraînait dans les montagnes du Pays basque.

Grosso modo, je montais la Rhune 5 fois d'affilée. Mon meilleur chrono : 7 h 15.

Philippe Richet

Loin de garder un goût amer de cette contreperformance, le Landais garde un merveilleux souvenir de ces moments passés, une fois éliminé, à assister dans sa course un des favoris de ce trail, le Français Sébastien Raichon. "Je lui ai même filé mes chaussettes, il n'en avait plus". Des petits riens qui enchantent notre Pierre Richard landais. 

Philippe Richet est rentré ce dimanche sur ses terres. Sans ses valises bien sûr, restées à sa correspondance à l'aéroport de Roissy. Pas si mal quand on sait qu'il avait failli manquer sa correspondance à l'aller et manquer le départ de la course.
Dans sa "to do list" des compétitions auxquelles il souhaite absolument participer, reste la "Bad Water". "Elle est chère et extrême", explique-t-il. "Il faut encore que je fasse une course l'année prochaine pour pouvoir y postuler. Le compteur tourne, j'ai 56 ans. On verra...". En attendant, Philippe Richet court sur la plage de Seignosse régulièrement. En ligne de mire le Tour d'Oléron le 6 avril prochain. "C'est 100 km sur du sable", résume-t-il. Tant mieux, ce que préfère le Landais, c'est le plat. 

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