Le projet de réhabilitation des Nouvelles Galeries de Mont-de-Marsan implique la création d'un hôtel Ibis de 70 chambres. Une concurrence qui inquiète les hôteliers locaux, déjà ébranlés par la crise sanitaire.
C'est un projet qui tenait à cœur à la mairie. Rouvrir les Nouvelles Galeries de Mont-de-Marsan, fermées depuis 2008. Dans ce bâtiment des années 1900, pas moins de 3 000 mètres carrés répartis sur trois étages, que la municipalité rêve de transformer en commerces, logements, bureaux ou encore lieu culturel.
"L'âme de la ville"
Depuis déjà treize ans, le bâtiment décrépit, au grand désarroi des riverains et des passants, qui gardent en mémoire un temps où il accueillait quotidiennement l'animation du centre-ville. "C'est un monument historique, ça a été un peu l'âme de la ville, se souvient une habitante. Tous les Montois s'y retrouvaient, on pouvait trouver tout ce qu'on cherchait".
"C'est triste de voir le bâtiment comme ça en plein centre-ville, ajoute Vincent, un passant, qui rêve d'y voir s'y s'implanter des commerces et des animations culturelles, afin de "ramener du monde en centre-ville".
Vendu 1 euro symbolique
"C'est le cœur du cœur de ville. Et c'est un bâtiment emblématique, il y a des générations de montois qui ont des souvenirs ici", assure le maire de Mont-de-Marsan Charles Dayot (DVD).
Après toutes ces années passées à l'abandon, la mairie a acquis le bâtiment pour 1,2 millions d'euros. Le maire l'a ensuite revendu à un promoteur immobilier local, pour… un euro symbolique.
"J'aurais préféré le vendre beaucoup plus cher, car c'est l'argent du contribuable, reconnaît l'édile montois. Mais, en même temps, ça fait quinze ans qu'il n'y a personne pour investir sur ce bâtiment-là. Les gens ne se sont pas battus pour venir l'acheter".
"25 millions d'euros" de travaux
Pour le maire, le véritable enjeu est ailleurs, et la réhabilitation de ces galeries est "d'intérêt général" ."Que je sache, ce n'est pas la première fois en France que l'argent public sert à financer l'économie. L'opération qui coûte 1 million d'euros, va générer 25 millions d'euros de travaux. Ici il va y avoir 110 personnes qui vont travailler pendant deux ou trois ans pour faire ce chantier. Derrière, ce sont 50 emplois induits".
Le maire assure qu'il va garder un droit de regard sur le contenu de ces Nouvelles Galeries. "On regardera à ce que le linéaire soir cohérent avec notre cœur de ville. Et on est attentifs à ce que ce ne soit pas uniquement du commerce. Il faudra que ce lieu-là soit aussi ouvert à des personnes qui ne sont pas des clients", poursuit-il.
Un hôtel qui inquiète la profession
En dépit de cette vigilance sur la non-concurrence avec les commerces du centre-ville, une polémique voit déjà le jour. Elle porte sur la création d'un hôtel Ibis Styles de 70 chambres, au sein de ces Nouvelles galeries. De quoi inquiéter les hôteliers indépendants montois. Ils se sont regroupés en association pour dénoncer l'irruption du grand groupe de l'hôtellerie sur leurs plates-bandes.
"Nous allons perdre indirectement de la clientèle, au profit du groupe Accor qui ouvre deux hôtels dans la ville; Il vont faire la pluie et le eau temps sur l’hôtellerie montoise", alerte Thierry Pantel, propriétaire d'un établissement.
"Il faudrait que nos élus prennent conscience du manque d'attractivité du territoire, surtout en fin de semaine. Ce projet arrive après deux ans de pandémie. C'est un coup de poignard dans le dos !", dénonce lui-même hôtelier.
Peu convaincus par les arguments de Charles Dayot, ces hôteliers entendent désormais déposer un recours devant le tribunal administratif, dans l'espoir de mettre un coup d'arrêt au projet.