Le niveau de risque lié à la grippe aviaire sur le territoire métropolitain français a été relevé mardi de "modéré" à "élevé", après la détection de plusieurs foyers d'infection en France. Un niveau de risque qui requiert plusieurs actions préventives dont le confinement des canards.
Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a pris la décision d’élever à son maximum le niveau de risque épizootique vis-à-vis de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). L'alerte, déjà relevée fin novembre de "négligeable" à "modérée", passe au niveau "élevé" pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, des foyers infectieux en élevages ont été confirmés, dans la Somme et le Morbihan et des suspicions dans le Gers et le Lot-et-Garonne. De plus, les autorités redoutent "la dynamique de l'infection dans les couloirs de migration et la possibilité de diffusion du virus par ces oiseaux migrateurs", selon l'arrêté ministériel daté du 5 décembre qui entre en vigueur immédiatement.
Le confinement des canards, qui pourrait intervenir de façon imminente comme le rappellent nos confrères de France 3 Occitanie, fait partie des mesures de protection des élevages à ce niveau de risques de contamination.
Le confinement des palmipèdes
Marie-Hélène Cazaubon n'est pas très étonnée de cette montée en alerte. "Aujourd'hui, on doit mettre les animaux à l'abri, les palmipèdes. On s'y attendait, on est dans une zone migratoire. On savait bien qu'à un moment donné, on reviendrait dans ce cas de figure". Néanmoins, la présidente de la chambre d'Agriculture des Landes sait qu'il faut rester très prudent.
"Les éleveurs le savent, ils connaissent la procédure. Il faut avoir une vigilance dans le fonctionnement de nos exploitations et de nos déplacements et appliquer une biosécurité renforcée, pour éviter, éventuellement, d'introduire le virus", poursuit-elle.
Des infections en Europe
Selon le dernier bulletin hebdomadaire (du 28 novembre) de la plateforme française d'épidémio surveillance en santé animale, 77 foyers de grippe aviaire chez des volailles ont été détectés en Europe depuis le 1er août, principalement en Hongrie et au Royaume-Uni, contre 48 la semaine précédente.
Au total, 27 pays ont détecté sur leur territoire l'influenza aviaire, selon cette même source. "Les voies de migrations descendantes actives des oiseaux sauvages en Europe sont fortement contaminées" et ces détections se situent en "amont direct des voies de migrations concernant la France", note le bulletin.
Le niveau d'alerte devrait rester "élevé" quelques mois encore selon Mme Cazaubon, "tant que la migration n'est pas finie, le niveau de risque n'évoluera pas et ce sera jusqu'à ce qu'il n'y ait pas de détection dans l'avifaune".
Quid du vaccin ?
La grippe aviaire, qui sévit en Europe, en Asie, en Afrique et en Asie, a conduit à l'euthanasie de dizaines de millions de volailles ces dernières années en France. Les canards ont été identifiés comme un vecteur de diffusion du virus dans la mesure où ils l'excrètent dans l'environnement plusieurs jours avant de présenter des symptômes.
C'est pourquoi, depuis le 1er octobre, dans l'espoir de maîtriser enfin le virus, le gouvernement français a rendu obligatoire la vaccination contre la grippe aviaire dans les élevages de plus de 250 canards (hors reproducteurs). Un vaccin qui devrait, on l'espère, changer la donne cette année."On espère surtout que la vaccination va faire qu'on aura des animaux mieux protégés face au virus", précise Marie-Hélène Cazaubon. La vaccination, mais également la surveillance autour des protocoles devraient permettre de réagir vite en cas d'infection.
Alors, finalement, quelle différence ? "L'immunité s'acquiert au fur et à mesure. On est conscient que quand le virus est présent dans l'environnement, un élevage peut être touché... L'élevage est éliminé. Mais pour le reste, on analyse et on surveille", poursuit la présidente de la chambre d'Agriculture.
Ne pas connaître les abattages des années précédentes et éviter cette série noire, c'est ce que devrait permettre la vaccination massive. Car l'influenza aviaire a mis à mal la filière au point de voir des exploitants baisser les bras et quitter l'activité.
À trois semaines de Noël et des repas festifs de fin d'année, Marie-Hélène Cazaubon veut rester positive, car le canard fait partie des mets de qualité à partager dans ces moments-là. "Ça fait partie de notre rôle d'éleveurs que d'être vigilants par rapport au sanitaire. On espère pouvoir passer de bonnes fêtes de fin d'année, que les consommateurs trouveront tous nos produits festifs sur leur table".