La première campagne de vaccination des palmipèdes contre la grippe aviaire va débuter lundi 2 octobre. En Aquitaine, les éleveurs de canards en attendent beaucoup pour tenter d'enrayer cette épizootie ravageuse. Solution ou pas ? Notre rendez-vous Dimanche en politique ouvre le débat.
C'est tout sauf un symbole. Ce lundi 2 octobre, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau se déplacera dans les Landes pour le lancement officiel de la première campagne de vaccination qui doit s'étaler sur un mois. Il sera à Horsarrieu avant de se rendre également dans le Gers. Pour l'État, qui prendra en charge 85% des 90 millions d'euros que coûte cette vaccination, l'enjeu est majeur. Il y va de l'avenir d'une filière en danger. Dans le Sud-Ouest, cent mille emplois directs et indirects sont concernés.
La France est le premier pays producteur de foie gras au monde. La présidente de la Chambre d’Agriculture des Landes Marie-Hélène Cazaubon est impatiente." Cette vaccination est un motif d’espoir pour toute la filière qui a été sévèrement touchée ces derniers mois". "Ce n'est pas la panacée" mais c'est une solution, relève-t-elle.
Benoit Justes, éleveur de canards à Saint-Aubin et membre du syndicat Modef des Landes, reste prudent. "On attend de voir ce que cette campagne va donner. Mais il faut savoir que c'est trop tard pour les canetons de Noël. Pour moi, cette vaccination est le premier motif d'espoir depuis longtemps". L'éleveur attend aussi que les animaux puissent sortir des bâtiments, ce qui n'est pas autorisé pour l'heure. Cette opération de vaccination des animaux aura aussi un coût pour les agriculteurs qui devront assurer un suivi rigoureux auprès des palmipèdes.
C'est beaucoup de stress pour l'éleveur.
Benoit Justes - syndicat agricole MODEF LandesDimanche en politique
Virus : quel danger pour l'homme ?
Et la santé humaine ? Le professeur Denis Malvy, infectiologue, y voit aussi un motif d'espoir. Il fait partie des dix-huit membres du COVARS, le comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires, qui a succédé au conseil scientifique, y voit aussi un motif d'espoir." La vaccination n'est pas toujours la panacée. Mais c'est une étape importante. Nous recommandons aussi à tous les professionnels du secteur, éleveurs, vétérinaires, de se faire aussi vacciner contre la grippe saisonnière. C'est une protection notamment au contact des animaux. Les risques de l'influenza aviaire à l'homme sont faibles.
Mais avec notre société mondialisée et la grande proximité, on n'est pas à l'abri d'une mutation du virus qui pourrait toucher les humains.
Professeur Denis Malvy - infectiologue CHU de BordeauxDimanche en politique
"N'oublions pas que la grippe aviaire est portée par les oiseaux".
Le professeur Malvy souligne aussi l'importance des changements climatiques. Le virus fait traditionnellement son apparition en novembre et décembre. Jusqu'à peu. Mais les habitudes sont brouillées. Cette année, en Chalosse, des cas sont apparus en février, puis il y a eu une accalmie, mais le virus a fait son retour en mai. L'épizootie sera-t-elle pour autant éteinte avec la vaccination, les éleveurs restent sur leurs gardes.