En asséchant les réseaux de cours d'eau, la sécheresse met en péril la survie des brochets aquitains dans les Landes. Ces derniers pondent leurs œufs dans des zones humides, telles que les lagunes, mais vivent dans les rivières. La Fédération de pêche des Landes s'affaire donc à transférer les brochetons pour éviter qu'ils ne se retrouvent pris au piège.
Sonde à la main, immergé dans l’eau jusqu’aux genoux, Marion Escarpit pêche les brochetons nés dans l’année. Mais ce jour-là, ce n’est pas pour manger ou s’amuser que cette membre du pôle technique de la Fédération départementale de pêche des Landes traque les poissons… c’est bien pour préserver l’espèce.
"On est dans une lagune typique landaise, avec une eau très claire, beaucoup de végétation et ça, c'est vraiment le milieu que le brochet adore pour venir pondre, explique-t-elle. Les géniteurs passent par le ruisseau, ils viennent pondre ici aux mois de janvier et février, puis ils repartent."
La sécheresse coupe les réseaux de cours d'eau
Les petits grandissent ensuite dans ces espaces peu profonds à l’eau chaude, où insectes et végétaux prolifèrent. Mais avec la sécheresse qui assèche les cours d’eau, leur survie est menacée, d’après Christophe Hugues, le vice-président de la Fédération de pêche des Landes.
"On s’aperçoit de plus en plus que, du fait des sécheresses et des canicules, tous ces secteurs qui étaient alimentés en eau se retrouvent à sec et ne sont plus connectés aux cours d’eau" détaille-t-il. Les jeunes brochets se retrouvent donc piégés, sans possibilité de regagner des eaux plus profondes.
Sans notre intervention le milieu serait complètement asséché et les poissons ne pourraient pas survivre.
Christophe Hugues, vice-président de la Fédération de pêche des Landesà France 3 Aquitaine
L’enjeu est grand, car les poissons qui vivent dans ces eaux ne sont pas n’importe quels brochets. Il s’agit de brochets aquitains : une espèce endémique, présente naturellement dans la région.
Des opérations de sauvetage plus précoces
Une fois mis dans un seau, puis mesurés et pesés, les brochetons sont ensuite transférés dans la rivière, où vivent les brochets adultes hors période de reproduction. Marion Escarpit précise : "on les remet ici pour qu’ils puissent continuer de grandir, devenir matures à leur tour et continuer à se reproduire." Et permettre ainsi la survie de l’espèce.
La fédération de pêche des Landes organise ces opérations de sauvetage depuis plus de vingt ans, mais cette année, il a fallu lancer les opérations plus tôt que d’habitude. La cause ? "On sort d’un été 2022 qui a été très sec et d’un hiver qui n’a pas permis de recharger les milieux autant que d’habitude" résume Marion Escarpit, du pôle technique de la Fédération de pêche des Landes.
On attaque l’été avec des niveaux d’eau de la fin d’été normalement.
Marion Escarpit, pôle technique de la Fédération de pêche des Landesà France 3 Aquitaine
De moins en moins de poissons dans les cours d'eau
Et ce travail est d’autant plus important que la population générale de poissons dans les cours d’eau douce est à la baisse, explique-t-elle. Une tendance constatée année après année.
Les populations de poissons d’eau douce s’effondrent, c’est un fait. Les activités humaines ont un impact, c’est un fait aussi. Ajoutez à cela le changement climatique… Donc c’est sûr que si on ne venait pas faire ce travail-là, à terme les populations ne pourraient plus s’en sortir.
Marion Escarpit, pôle technique de la Fédération de pêche des Landesà France 3 Aquitaine
Ce jour-là, les pêcheurs sauveteurs de la Fédération de pêche des Landes ont transféré 140 brochetons dans le courant de Mimizan. D’après les statistiques de l’espèce, un brochet sur deux devrait atteindre l’âge adulte.