C'est une nouvelle étape dans la lutte contre les violences conjugales. A Saint-Paul-lès-Dax, un hébergement temporaire est mis à disposition des auteurs de violences contraints de quitter leur domicile. Objectif : protéger les victimes et prévenir les récidives.
En cas de violences conjugales, la victime est la priorité mais l'auteur des faits doit aussi pouvoir être pris en charge. Dans le Sud-ouest, depuis le 1er octobre 2021, un centre de prise en charge des auteurs a été créé. Il s'articule autour de quatre antennes, en Béarn, au Pays basque, dans les Hautes-Pyrénées et dans les Landes. Dans ce département, c'est l'Adavem, l'association départementale d'Aide aux victimes et de la médiation qui pilote le dispositif.
Les auteurs de violences conjugales peuvent s'y présenter de manière volontaire ou contraints par une décision judiciaire.
"En cas de placement en garde à vue, le procureur de la République peut, à l'issue, décider un placement sous contrôle judicaire. L'auteur peut avoir des contraintes comme l'interdiction de se présenter au domicile conjugal, d'avoir des contacts avec la victime, ou des obligations de soins, par exemple" explique Delphine Davancens Directrice adjointe de l'ADAVEM 40 et contrôleur judiciaire.
L'Adavem est alors chargée de veiller à l'application de la décision judiciaire.
Eviter la récidive
Dans les Landes, l'Adavem a recruté Maylis Pereira, psychologue clinicienne. Elle reçoit les auteurs de violences conjugales en groupes de paroles ou en entretiens individuels et confidentiels.
Ce qu’on entend de manière fondamentale et récurrente, c’est le besoin d’être entendu, de pouvoir s’exprimer.
Maylis PereiraFrance 3 Aquitaine
"D’où l’intérêt de pouvoir leur proposer, notamment pour les personnes qui sont en contrôle judiciaire, un espace libre confidentiel où elles puissent s’exprimer sans jugement et de manière bienveillante." précise la psychologue clinicienne.
Ce travail psychologique peut les aider à prendre conscience des faits reprochés et "de l’impact que ça a sur eux mais aussi sur la victime". "de clarifier, de remettre un peu d’ordre et d’humanité et de travailler à la prévention de la récidive." indique Maylis Pereira.
La décision judiciaire est rarement vécue de manière positive. "C’est un basculement, un changement de vie pour la personne du jour au lendemain. On travaille beaucoup sur l’acceptation, la compréhension de ce qui est en train de se passer. On travaille aussi sur la gestion de la frustration, la gestion des situations contraignantes tout en leur laissant un espace de liberté dans un contexte où il y a des contraintes, des obligations à respecter" poursuit la psychologue.
Une prise en charge globale
Le centre de prise en charge des auteurs, financé par l'Etat et à hauteur de 10 000 euros par le département des Landes, propose une approche globale et rapide résumée par Rodolphe Jarry, procureur de la République de Dax :
"Cet accompagnement là, psychologique, sanitaire, social fait partie intégrante de la réponse pénale parce que l’objectif qui est le nôtre, c’est d’éviter à tout prix la réitération des faits. Et comment on l’évite ? En obligeant celui dont on soupçonne qu’il a pu être l’auteur de violences conjugales, à s’interroger sur son comportement. On l’oblige à s’interroger sur sa consommation d’alcool, de stupéfiant, sur l’absence de travail."
Mais à ce dispositif, il manquait encore une réponse à la problématique du logement.
Depuis le 15 mars 2022, la maison du Logement "met à disposition un appartement avec deux places d’hébergement pour l’éviction du conjoint violent. Ils ont la possibilité de rentrer dans cet hébergement pour une durée maximale de trois mois" précise Delphine Davancens Directrice adjointe de l'ADAVEM 40.
Une convention a été signée avec l'association landaise qui a pour mission l'accès et le maintien dans le logement de tout public.
"En matière de violence conjugale, rappelle Rodolphe Jarry, le principe a toujours été que le conjoint violent quitte le domicile. Mais ponctuellement, il pouvait arriver qu'on avait pas de solution d'hébergement pour l'auteur et que parce que la victime avait de la famille où se réfugier, elle soit obligée de quitter le domicile conjugal."
Avec ces deux places réservées aux auteurs de violences conjugales, cette situation ne devrait plus se poser.
Depuis octobre dernier, 54 auteurs de violences conjugales ont été pris en charge au CPCA des Landes. En 2021, selon le parquet, plus de 500 faits de violences conjugales ont été enregistrés dans les Landes. Des chiffres en constante augmentation.