C'est une ressource naturelle tombée un peu dans l'oubli. L'exploitation des chênes liège, qui participent aux paysages landais est relancée depuis quelques années par une association qui souhaite valoriser cet ancien savoir-faire local. Pour faire des bouchons, mais pas seulement.
Le bouchon n'est jamais très loin de la bouteille. La présence, depuis des millénaires, du chêne liège, cette essence d'arbre à l'écorce particulière dans les Landes, à proximité du vignoble bordelais, était propice à la création d'une industrie bouchonnière. En 1920, près d'un millier de personnes vivaient du chêne-liège landais, essentiellement dans de petites fabriques de moins de vingt travailleurs. Mais son exploitation a été stoppée dans les années 1950. L'activité n'était alors plus rentable, face à la concurrence, notamment du Portugal.
Depuis les années 2000, l'association Liège gascon regroupe des industriels qui, certains depuis près d'un siècle, valorisent cette matière et ce savoir-faire. Des professionnels "qui utilisent toute la ressource : à la fois le liège de triturage ou le liège bouchonnable" explique Julien Goullier, le référent technique de l'association le liège gascon. L'idée est de réussir à "relancer cette production pour pouvoir réutiliser cette matière plutôt que d'en faire venir essentiellement du Portugal".
Protéger la filière
Aujourd'hui, l'exploitation du chêne-liège est relancée, mais nécessite une protection particulière. Une charte vient d'être signée par la région Nouvelle-Aquitaine et les acteurs de la filière. La culture de cet arbre a, dit-on, des intérêts environnementaux et économiques. Une essence qui résiste aux fortes chaleurs, et aux risques d'incendie.
Parmi les signataires de la charte, l'entreprise Agglolux, implantée à Soustons, transforme et valorise cette matière depuis 1929. Ici, on explique que si la ressource est limitée, les débouchés semblent multiples, tant dans le domaine du luxe que pour des verriers, mais aussi des industries pour ses propriétés isolantes par exemple dans des boitiers électriques.
Une essence d'ici
Le chêne-liège est un arbre à feuilles persistantes cultivé dans le Sud de l'Europe. Il ne nécessite pas d'une terre riche et se plaît dans un sol sabloneux. D'où son implantation très ancienne dans les Landes dans la région du Marensin, entre Contis et Soustons, mais également dans la région de Nérac, en Lot-et-Garonne.
C'est d'abord la concurrence du pin maritime, planté en grand nombre sous Napoléon III (1857), qui fit de l'ombre au chêne-liège. "L'arbre" d'or et son rapport immédiat et durable était alors plus intéressant que le liège dont la récolte se faisait seulement tous les 12-15 ans.
L'écorce du liège est très dure les premières années. Quand l'arbre fait environ 70 cm de circonférence, vers l'âge de 30 à 40 ans, une première couche dite "mâle", crevassée et de moindre qualité, est enlevée. On appelle cette opération démasclage. Dix à quinze années sont ensuite nécessaires à la formation d’un liège dit "femelle", de 3,5 cm environ, qui pourra alors être récolté durant l’opération nommée levée. Jusqu'à une quinzaine de levées pourront être réalisées sur un même arbre.