De retour dans sa circonscritpion l'ancien président du Limousin a fait le point devant la presse régionale sur l'activité du Parlement Européen de ces dernières semaines.
Une actualité dense et variée avec, notamment, des conséquences importantes pour les agriculteurs de la région.
François Hollande a mis les choses au point : pas question que la France ratifie un accord de libre échange entre l'Union Européenne et les Etats-Unis (TIPP) si les intérêts de l'agriculture française sont menaçés.
Pour Jean-Paul Denanot, c'est assurément une bonne nouvelle, en particulier pour les éleveurs du Limousin.
Depuis le début des négociations, de lourdes menaces planaient sur leur activité au vu des exigences américaines qui souhaient inonder le marché européen avec une viande bovine élevée selon des critères très éloignés des normes de qualité en vigueur en Europe.
En l'état, le député européen limousin est donc fermement opposé à la conclusion d'un accord de libre échange transatlantique.
Jean-Paul Denanot se dit aussi préoccupé par les complications administratives que subissent de plus en plus les agriculteurs pour pouvoir bénéficier des aides de la Politique Agricole Commune (PAC).
Des déclarations de plus en plus complexes, des retards de paiement de plus en plus longs, pour Jean-Paul Denanot, "cela devient impossible", "il faut simplifier les procédures".
Il affirme avoir alerté personellement Jean-Claude Junker, le président de la Commision Européenne, de l'urgence de la situation.
Trop de complications et de bureaucratie pour les agriculteurs ...
Toujours dans le domaine agricole, Jean-Paul Denanot estime qu'après la prorogation de 10 ans de l'autorisation de l'utilisation du glyphosate (il aurait préféré un délai de 7 ans), "les agriculteurs devront se remettre en question" rapidement sur le sujet des produits phytosanitaires et "trouver des solutions alternatives moins polluantes et moins dangereuses".
Jean-Paul Denanot fait partie des députés européens qui ont voté la directive "secret des affaires", une directive européenne qui vise officiellement à protéger les secrets industriels des entreprises mais qui pourrait menacer la liberté d'informer des journalistes et des lanceurs d'alertes.
Il avoue avoir hésité puis s'être soumis à la discipline de groupe.
Un seul euro-député socialiste français s'est abstenu sur cette question : Eric Andrieu, un autre élu européen de la région ALPC qui a refusé de soutenir le texte en l'absence de garantie effective pour les lanceurs d'alerte.
Discipline de groupe sur la directive "secret des affaires" ...
Au sein d'un groupe inter-parlementaire "services publics" Jean-Paul Denanot travaille également sur la question de la privatisation des centrales hydro-électriques que la Commission européenne voudrait imposer à la France. Il va demander un débat au Parlement Européen sur ce sujet qui concerne de près le Limousin.
Sur le financement européen d'une hypothétique LGV Limoges-Poitiers, l'ancien président de la région Limousin ne s'avoue pas vaincu. Il pense toujours qu'un tel projet pourait tout à fait être soutenu dans le cadre du Plan Junker ou d'un nouveau Mécanisme Européen d'Interconnexion ferroviaire.
A propos de la question des migrants, Jean-Paul Denanot estime que "l'on aurait mieux fait d'aider la Grèce et l'Italie plutôt que de faire un deal avec le président turc Erdogan, un dictateur à peine fréquentable".
Je veux plus d'Europe et pas moins d'Europe, même si je dois ramer à contre courant...
Enfin Jean-Paul Denanot avoue que, si elle paralyse quelque peu les institutions bruxelloises jusqu'au 23 juin, la question du Brexit, la sortie éventuelle du Royaume-Uni de l'Union Européenne, est pour lui "un non évènement".
Avec ou sans l'Angleterre, il est de toutes façons "urgent de reprendre les fondamentaux", notamment sur l'harmonisation sociale et fiscale qui fait cruellement défaut en Europe.
Jean-Paul Denanot pointe du doigt sans ambages la responsabilité et la frilosité des Etats membres.
"L'Europe est de plus en plus critiquée par les peuples" constate-t-il. Mais moi, "je veux plus d'Europe et non pas moins d'Europe, même si je dois ramer à contre-courant".
VIDEO : l'interview intégrale de Jean-Paul Denanot