Ce projet de loi santé controversé avait provoqué une lever de bouclier de la part de tous les professionnels du monde médical. Il a été adopté ce jeudi, par un ultime vote de l'Assemblée, dans une ambiance plutôt houleuse. Il prévoit aussi l'instauration du paquet neutre de tabac dès mai 2016.
Ils ont fait grève à plusieurs reprises, ils ont bloqué des ronds-points, ils ont mené des opérations escargot.... mais médecins et buralistes doivent se rendre à l'évidence. Le tiers-payant, pour les uns, entrera en vigueur en 2017, le paquet neutre pour les autres sera obligatoire dans cinq mois.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a défendu un texte de "lutte contre les inégalités", contre "l'mmobilisme et la résignation", face à un baroud d'honneur de la droite.
Un peu plus tôt dans la matinée, des médecins s'étaient rassemblés près de l'Assemblée Nationale à l'appel du "Mouvement pour la Santé de tous" derrière une banderole sur laquelle ils avaient inscrit le mot "honte". Ils ont aussi déposé des chrysanthèmes au sol, en "hommage" à la médecine libérale pour dénoncer cette loi qu'ils estiment "liberticide".
Ce texte dit de "modernisation" du système de santé a été approuvé par les socialistes, radicaux de gauche et écologistes, tandis que les élus Les Républicains, UDI et la plupart du Front de gauche ont voté contre, à main levée.
Le groupe LR a annoncé qu'il allait saisir le Conseil constitutionnel.
Outre le tiers-payant et le paquet neutre, la loi comporte de nombreuses autres mesures: une nouvelle définition du service public hospitalier, un parcours éducatif en santé, les logos sur la qualité nutritionnelle des aliments industriels, l'interdiction de l'emploi de mannequins trop maigres ou encore l'expérimentation de salles de consommation de drogue à moindre risque, dites "salles de shoot", et la suppression du délai de réflexion pour les femmes souhaitant une IVG.
Quand à la loi Evin sur la publicité pour les boissons alcooliques, son assouplissement a été acté, contre l'avis de la ministre et au grand regret de la présidente de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, Catherine Lemorton. "La loi Evin était un équilibre" et elle est "mise à mal", a-t-elle déploré, à l'unisson de nombreux spécialistes des addictions.