L'enquête du site Buzzfeed porte sur les 573 candidats FN aux législatives. Une centaine d'entre eux, une douzaine en Aquitaine, ont été épinglés pour avoir tenus ou partagés des propos anti-islam, racistes, homophobes ou antisémites sur les réseaux sociaux. Réaction d'Edwige Diaz (FN, Gironde).
Le FN présente 573 candidats aux législatives et parmi eux une centaine poste, aime ou partage des contenus homophobes, antisémites, islamophobes ou racistes.
Le site buzzfeed fait le tour des expressions favorites de ces politiques qui se lâchent sur leur compte Facebook, parlant de "Lobby juif", "Banania", "connards de Français".... captures d'écran à l'appui...
On est loin de la dédiabolisation du FN tant espérée par Marine Le Pen...
Parmi la centaine de candidats recensés, plusieurs avaient déjà été épinglés par la presse quotidienne régionale, l'hebdomadaire Marianne tout récemment ou lors de précédents scrutins.
De nombreux cas relevés par Buzzfeed sont toutefois nouveaux, souvent focalisés sur l'islam, comme Christophe Versini (15e circonscription de Paris) pour qui "l'ennemi, c'est l'islam. Nous sommes en guerre contre l'islam", Liliane Pradier (2e Hauts-de-Seine) qui y voit une "religion de haine et de meurtre" ou Claudie Cheyroux (1e Pyrénées-Atlantiques) partageant un dessin sur les "richesses que l'islam nous a apportées: pédophilie,
viol, décapitation, brûler les vivants, mutilations sexuelles".
Il y a aussi des publications homophobes, comme Joseph Damour (2e Pyrénées-Atlantiques),
rediffusant un tweet qualifiant de "pédale" Pierre Bergé, copropriétaire du Monde ; antisémites, avec Grégory Stich (2e Haut-Rhin) qui a tweeté en juillet 2014 un visuel évoquant l'existence d'un supposé "lobby juif"...
Libération a par ailleurs relevé vendredi le cas de Serge Hadon (4e Gironde) qui partage un article titré "L'islamophobie est un droit, combattre l'islam est un devoir" .
Réaction du côté du Front National
Le front National, par la voix de sa responsable départementale de Gironde, ne porte pas d’appréciation sur les publications ou commentaires des candidats épinglés. Edwige Diaz s’en remet à la justice.
Pour mémoire, un élu municipal de Libourne, Gonzague Malherbe, est lui au cœur d’une enquête instruite par le parquet de Libourne pour un tweet qui peut donner lieu à poursuite.Je ne suis pas avocate ou apprentie juge. S’il y a des poursuites et si c’est répréhensible, on se pliera à la décision de justice. On est dans la manipulation médiatique à 5 jours du scrutin. On n’est pas dupe, les gens sur le terrain non plus.
Les publications sur Twitter ou Facebook en mode public peuvent être poursuivie pour diffamation publique. Ce qui est plus difficile si c’est dans le cadre d’un groupe fermé d’après Clothilde Chapuis, avocat et responsable de la Licra 33.
En Aquitaine
Plus d'une dizaine d'entre eux ont été épinglés en Nouvelle Aquitaine sur le site d'information, dans cette enquête.En Gironde :
Marie Mauricette Martinez (6e circonscription de Gironde). A 60 ans, elle se présente pour la première fois à une élection. Sur son compte Facebook, elle partage de nombreuses publications anti-Islam dénonçant selon elle le fait que l'Islam :
- consiste à «enlever les chrétiennes et détruire les églises»,
- encourage la pédophilie, «même avec des nourrissons».
Julie Rechagneux (candidate de la 2e circonscription Gironde), secrétaire départementale du FNJ Gironde. Sur plusieurs photos, elle pose avec des individus identifiés comme néonazis...
Marlène Mignon, (7e circonscription de Gironde). Elle partage des "blagues" sur les Arabes..., fait partie du groupe «Brûler des mosquées, une réponse proportionnée?»...
Grégoire de Fournas (5e circonscription de Gironde), héberge sur sa page de nombreux commentaires racistes. Ils ont été récités à voix haute par un opposant de droite lors d'une séance du conseil départemental.
Philippe Dubois (1re circonscription de Gironde). Il "like" la page «le blog de ceux qui aiment Zemmour», la page «vigilance halal», la page de TV Libertés et Causeur...
Dans les Pyrénées-Atlantiques :
Claudie Cheyroux (1re circ. des Pyrénées-Atlantiques). Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine.
Elle concentre ses attaques sur les musulmans et les réfugiés.
Elle aussi partage des publications douteuses du site d'Alain Soral, polémiste antisémite multi-condamné par la justice. En décembre 2016, elle liste le «bilan effarant des socialistes»: «terrorisme islamiste, réformes sociétales: mariage homo PMA GPA Gender, homosexualisme à l'école»...
Joseph Damour (2e circ. des Pyrénées-Atlantiques), secrétaire départemental du Collectif Nouvelle Écologie. Ses posts se concentrent sur l'Islam et l'immigration, et relaie sur Twitter des messages dans lesquels il parle de «pollution» à propos des réfugiés... Il relaie aussi la vidéo de Monseigneur Lefebvre sur "cet islam qu'il faut arrêter». «Si tous les ans, il y a 500.000 musulmans en France en plus, vous allez voir ce que ça va faire avec les mosquées. Quand un chef dira "tuez-les chrétiens". Quand ils tuent un chrétien, ils se sauvent leur âme et l'âme de celui qu'ils tuent. Pourquoi s'en priver», déclare le religieux.
Dans les Landes :
Christophe Bardin (1re circonscription des Landes). Il était conseiller municipal de Dax jusqu'à sa démission en septembre 2016. Lui est poursuivi par le fisc ainsi que son épouse pour la comptabilité de leur entreprise d'auto-école pour une somme de 300 000 euros.
Océane Ravix (3e circonscription des Landes). A 24 ans, la dentiste équin est encartée au FN depuis un an.
Elle "like" entre autres des propos sur les migrants, sur «Vladimir Poutine - Fan Club» sur les Corses avec cette légende: «Les Corses se battront pour rester chrétiens».
En Dordogne :
Michel Bergougnoux (3e circ. de Dordogne). Il est facteur et participe à sa première élection. Il partage notamment un sondage "humoristique" demandant «Y a-t-il trop d'Arabes en France?» et une citation pour «l'interdiction de la secte qui se nomme islam»...
En Lot-et-Garonne:
Catherine Lesné (1re circ. du Lot-et-Garonne) et conseillère municipale d'Agen. Elle parle politique, élections et sur les musulmans postant une vidéo, pour elle "véritable liberté d'expression", contre les musulmans et réfugiés...
Etienne Bousquet-Cassagne (3e circ. du Lot-et-Garonne) Il est assistant FN au Parlement européen et cité dans l’affaire des emplois présumés fictifs à Strasbourg. Sur FB, il fait le parallèle entre migrants et clandestins illégaux.
Voir les captures d'écrans et enquête de Buzzfeed sur leur site.
Exclusions et "remplissage"
Seize exclusions avaient ainsi été prononcées à l'issue des départementales de 2015.Pour ces législatives, la commission d'investiture du parti avait pré-investi les candidats "choisis sur dossier", voire via un "jury", candidats qui avaient ensuite suivi une "période d'essai" pendant l'automne avant une investiture définitive.
Par rapport au "remplissage" de 2012, selon le mot d'un dirigeant, le FN souhaitait passer en 2017 au "qualitatif", à savoir présenter des candidats non seulement "partout" mais qui en plus soient "excellents", affirmait Jean-Lin Lacapelle, responsable de la commission d'investiture. Difficile de croire que personne n'ait consulté leurs âge Facebook... A moins que certains propos soient banalisés à force d'être partagés...
Le FN a d'ailleurs récemment, par la voix de l'un de ses porte-paroles de campagne Sébastien Chenu, retourné l'accusation d'imprépration, s'en prenant aux "pratiques" des "donneurs de leçons" de "La République en marche" (REM), le parti du président d'Emmanuel Macron, en épinglant le profil de certains candidats.
Depuis début 2017, le FN a pourtant déjà désinvesti au moins deux candidats, en Côtes-d'Armor et en Loire-Atlantique, pour des propos comparables.
Mardi matin, Nicolas Bay, a affirmé le patron de l'administration du parti sur franceinfo :
On ne peut pas sortir de leur contexte tel ou tel propos. Il faut voir ce qui a été dit exactement ou ce qui a été relayé.
David Rachline, qui était directeur de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, a jugé que ce travail "n'était manifestement pas honnête".Nos candidats, ils respectent la loi, ils disent un certain nombre de vérités que les Français veulent entendre et que nous sommes peut-être les seuls à dire.
C'est pas des propos racistes"
"Quand il y a des choses qui sont graves, les personnes sont exclues de notre mouvement. Il n'y a pas de place pour l'ambiguïté", a insisté le sénateur-maire FN de Fréjus (Var).