A 17 ans, les jeunes du Sud de la France affichent un usage régulier de cannabis supérieur à la moyenne nationale, à l'inverse de ceux du Nord, selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) publiée mercredi.
Selon la 8e étude Escapad (Enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense), menée en mars 2014 auprès de 23.201 adolescents de 17 ans, 9,2% de ces jeunes ont une consommation de cannabis régulière, c'est-à-dire qu'ils en ont consommé au moins 10 fois dans le mois précédent l'enquête.
L'analyse régionale des données met en relief deux groupes de régions dont les niveaux de consommation s'écartent de ce niveau moyen. Le Nord-Pas-de-Calais, la Haute-Normandie, la Picardie et l'Ile-de-France affichent ainsi des niveaux inférieurs, compris entre 6 et 8% des jeunes.
A l'inverse, dans le Sud, les régions PACA, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées se caractérisent par un usage régulier supérieur à la moyenne, compris entre 12 et 13%. Seule la Corse s'oppose à ces régions du Sud, avec un niveau plus bas (6%).
Enfin, l'Alsace connaît elle aussi un faible niveau (6%), en contraste avec la région voisine de la Franche-Comté, au niveau très élevé (14%).
En matière d'alcool, 12,3% des jeunes en boivent régulièrement (10 consommations dans le mois) en France métropolitaine. L'analyse régionale indique que huit régions affichent des niveaux supérieurs (entre 15 et 22%): trois sur la façade ouest (Bretagne, Basse-Normandie et Pays-de-la-Loire), une au sud (Midi-Pyrénées) et quatre à l'est (Rhône-Alpes, Franche-Comté, Champagne-Ardennes et Bourgogne).
A l'inverse, au Nord, les quatre régions déjà faibles en matière de consommation de cannabis, ont également un usage régulier d'alcool moins important (entre 8 et 10%). A l'extrémité sud, la région Provence-Alpes-Côtes-d'Azur connait également un niveau en deçà de la moyenne (10%).
Ces régions sont également celles qui ont les niveaux les plus faibles concernant les alcoolisations ponctuelles importantes répétées ("binge drinking"), entre 14 et 19% des jeunes de 17 ans, pour une moyenne nationale de 21,8%.
Pour l'ouest, c'est en Bretagne que ces "binge drinking" sont les plus importants (37%), ainsi qu'en Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes. A l'est, on retrouve un usage important en Rhône-Alpes, Franche-Comté et Languedoc-Roussillon.
Enfin, le tabagisme quotidien apparait plus marqué à l'Ouest et au Sud du Pays, ainsi qu'en Bourgogne, qui présente la consommation la plus importante avec 39% (pour une moyenne nationale de 32,4%). A l'opposé, seule l'Alsace et l'Ile-de-France se singularisent par un usage inférieur à la moyenne.
L'étude confirme l'existence de particularismes régionaux liées à une culture régionale, mais montre aussi que dans certaines régions, comme le Nord-Pas-de-Calais, les nouvelles générations tentent de s'échapper du modèle de consommation des adultes, note François Beck, de l'OFDT.
Elle révèle également une poly-consommation supérieure des jeunes dans certaines régions. Ainsi, cinq régions (Bretagne, Pays-de-la Loire, Franche-Comté, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon) affichent des niveaux de consommation supérieurs pour trois indicateurs sur les quatre recensés par l'étude.