Limoges, Tulle, Guéret : les lieux de culte en ordre dispersé face au déconfinement

Alors que les cérémonies religieuses sont de nouveau autorisées après le confinement, en Limousin, les trois religions monothéistes ne sont pas toutes prêtes à accepter la réouverture des lieux de culte. Pourquoi cette absence d’unanimité ?

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Comment les juifs, les chrétiens et les musulmans du Limousin abordent-ils l’assouplissement des mesures de sécurité, à commencer par les musulmans qui célèbrent ce dimanche 24 mai, la fin du mois de ramadan ? 

Les poignées de main et les embrassades sont une marque de fraternité en Islam. Mais ça c’était hier, il faut se faire une raison. L’époque a changé, et la crise sanitaire liée au Covid-19 change les pratiques sociales bien ancrées. Pour les musulmans, toutes ces pratiques sociales sont à bannir et c’est un  crève cœur. Devant la grande mosquée de Limoges ce samedi matin, un homme, la soixantaine bien passée, nous lance un Salam chaleureux.

Il vient pour la zakat, l’aumône pour les nécessiteux. Il trouve porte close, il apparaît déçu. Nous lui montrons l’écriteau qui indique la rue Saint Léonard, parallèle à la rue Zola, où se trouve la grande mosquée, pour la zakat. C’est le troisième pilier de l’Islam. Samedi 23, c’est veille de l’Aïd el Fitr, alors les fidèles redoublent de générosité. Ils veulent donner, maintenant que le confinement se desserre un peu. Un petit crachin s’abat sur le minaret de marbre blanc, l’homme s’éloigne, résolu d’aller faire son devoir.
 



Chaque chef de famille doit s’acquitter de cette aumône qui équivaut à la somme de 7 euros en France. Ce dimanche 24 mai, correspond à la fin du mois de ramadan en France conformément à la décision du Conseil français du culte musulman, et en Limousin, les musulmans sont "heureux de boucler ce mois sacré du jeûne, mais aucune prière collective n’est envisagée jusqu’à nouvel ordre".

Traditionnellement, l'Aïd est l’occasion pour les fidèles et leur famille de se rendre visite et de s’offrir des cadeaux, des repas, des poignées de main, mais la crise sanitaire actuelle marque un coup d’arrêt. Pour l’imam de la mosquée de Guéret en Creuse, les recommandations gouvernementales sont à suivre à la lettre. La Creuse, et la mosquée de Guéret comptent près de 400 fidèles. Ils sont tous invités à rester chez eux, en ce dimanche 24 mai jour de la Aïd el Fitr pour "éviter toute contamination". Cela dit, "les fidèles sont raisonnables, ils me contactent individuellement au téléphone pour des questions précises concernant leur pratique, des interrogations liées à la foi, mais aucun contact physique n’est possible pour le moment". 

Mêmes préconisations en Corrèze, à Tulle, la mosquée compte entre 150 et 200 fidèles, ici non plus, pas d’ouverture de la mosquée jusqu’à nouvel ordre. "Vous savez dans les hadiths du prophète, en cas de maladie, il faut respecter scrupuleusement les consignes de sécurité, tous les bons musulmans le savent, donc pour l’instant il n’y aura pas de reprise des prières collectives", explique Mimoun Akkaoui, de l’association des musulmans de Tulle.

A Limoges, malgré l’assouplissement des mesures de sécurité, la synagogue elle, restera fermée au moins jusqu’à la fin du mois de mai. La rue Pierre Leroux est d’ailleurs déserte, même la boulangerie mitoyenne semble fermée. "Ici, nous avons respecté le confinement dès le mois de février, avec un strict respect des mesures de sécurité. Tous les offices, ainsi que toutes les réunions sont annulés", rappelle Charles Daian, président du Consistoire israélite du Limousin.

Limoges compte plus de 40 familles pratiquantes, près de 80 dans tout le Limousin. Mais "on constate une érosion des fidèles, contrairement aux musulmans" sourit le président du Consistoire. "On peut dire qu’il y a à peine 10 % de pratiquants. Les fidèles sont de plus en plus âgés, et habitent en zone rurale, à Bellac, au Dorat, en Creuse ou en Corrèze, et ils ont de plus en plus de mal à venir à la Synagogue, raison pour laquelle, on a décidé de ne pas rouvrir le consistoire".

Cette unanimité n’est pas du tout du goût de Nicolas Risso, vicaire général du diocèse de Tulle. Pour lui, l’église doit rouvrir ses portes au plus vite… tout en respectant les préconisations.
 

"L’Église en Corrèze respecte un stricte protocole de sécurité", insiste l’homme d’église qui se veut rassurant. "4m2 par personne sont réservés dans les églises, avec une distanciation d’un mètre, ainsi qu’une indication au sol marquant les distances." A celles et ceux qui doutent, le vicaire précise : "Nous avons installé un système de rotation pour que les gens ne se croisent pas. La communion ne se fera uniquement que dans la main. Les prêtres porteront obligatoirement un masque. Ils utiliseront des solutions hydroalcooliques régulièrement."

Nous sommes dans les moments des professions de foi, et le vicaire souhaite retrouver ses ouailles. Il souligne qu’en Corrèze, jusqu’au confinement, " l’église avait une réelle vitalité sociale. Elle rassemblait entre 25.000 et 30.000 personnes. C’est beaucoup plus que le CAB, et on ne veut pas être sur le banc de touche."

Le vicaire du diocèse de Tulle donne d’ores et déjà rendez-vous aux fidèles dimanche 31 mai à 11h pour la messe de la Pentecôte.
 


Place Saint-Étienne à Limoges, des échafaudages sont dressés le long d’une aile de la cathédrale du même nom. Dessus, a été tagué en rouge cette phrase en forme de prière : "Que le seigneur nous délivre du mal". Place de l’Évêché, une sœur enveloppée d’une robe marron, longe l’esplanade avec des cartons pleins de fleurs. Ici on pare au plus urgent. Une messe y est prévue, la première depuis longtemps. Tout doit être fin prêt. À l’intérieur, une solution hydroalcoolique avec un écriteau barre l’entrée. On ne peut pas la rater. Les chaises sont néanmoins ceinturées d’un balisage.

La cathédrale de Limoges Saint-Étienne attend ses premiers fidèles ce dimanche 24 mai à 11h. Et on les espère "nombreux" prie la religieuse, avant de s’engouffrer dans les murs de l’Évêché.


 

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