Limousin : les éleveurs désabusés face au plan de relance

Les éleveurs de vaches limousines ont pour la plupart des difficultés de trésorerie. Or, le plan de relance les incite à investir. 

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A 44 ans, Olivier Dumas a le moral dans les chaussettes. Cet éleveur de La Souterraine (Creuse) et ses 2 associés sont à la tête d'une exploitation comprenant 400 vaches limousines.  

La crise sanitaire a “déstructuré totalement la filière viande” selon lui. Il a beaucoup de mal à vendre ses animaux du fait que ses clients, comme les restaurants, sont à l’arrêt.  

Il est donc obligé de nourrir ses vaches alors même que le cours du fourrage est à la hausse : “Quand on sait qu’elles vont être vendues, on leur donne des aliments riches en protéines. Si elles restent à la ferme, elles ont droit à de l'herbe et des légumes. Et là, on ne sait pas ce qu'on doit faire. On a besoin d’un marché linéaire et il est complètement détraqué”. 

A cela, s’ajoute le fait que le cours de la viande est conjoncturellement au plus bas. Autant dire que les éleveurs ont des difficultés de trésorerie et qu’ils auraient souhaité que le plan de relance leur permette avant tout de mieux vendre leur viande. 

Soutien à l’investissement 

12 528 agriculteurs peuvent bénéficier de ce plan de relance dans les 3 départements limousins. 

Mais selon Alice Mallick, sous-préfète à la relance en Creuse, il ne s’agit aucunement d’un appui au fonctionnement. Les subventions accordées permettront avant tout de soutenir les investissements jusqu’à 40% de leur montant dans les exploitations. 

Les éleveurs ou agriculteurs vont par exemple être incités à innover pour réduire l’usage des produits phytosanitaire, atteindre l’autonomie fourragère en produisant des céréales riches en protéines.  

On leur demande aussi d’investir pour plus de bien-être animal : “On parle de l’achat de matériel pour agrandir les stabulations et réformer les vieilles barrières coupantes ou le matériel de contention”. 

La bio-sécurité, c’est aussi éviter que certains agents pathogènes, comme la grippe aviaire ou la tuberculose ovine n’entrent sur les exploitations, en investissant dans des systèmes de sas sanitaires

Alice Mallick, sous-préfète à la relance en Creuse. 

“A côté de la plaque” 

D’un côté, les éleveurs souffrent d’un manque de trésorerie et d’un marché de moins en moins porteur. De l’autre, l’Etat leur demande d’investir.  

Jean Christophe Dufour est le président de la CELMAR, une importante coopérative d’éleveurs basée à la Souterraine en Creuse. Pour lui, ce plan va faire monter le prix du matériel agricole qui a déjà pris 5 à 10% en 2 ans : “On nous pousse du côté où on va tomber. Quand on gagnera notre vie, on achètera du matériel.” 

Ce plan de relance va faire tourner l’industrie de la mécanique avant de faire tourner les éleveurs.  

Jean Christophe Dufour, président de la CELMAR 

 

Transition vers le bio 

Les agriculteurs sont appelés à investir pour passer au bio. Une solution qui ne semble pas adaptée aux éleveurs limousins.  

La plupart d’entre eux fait naitre des bovins qui sont élevés en plein air dans les prés. Avec cette alimentation, la viande n’est pas tendre et doit être finie. Les animaux sont donc vendus à des engraisseurs qui se trouvent pour la plupart en Italie. Or, ces derniers constatent qu’il n’y a pas de demande pour le bio, beaucoup trop cher pour la plupart des consommateurs. 

Et de toute façon, pour Tony Cornellisen, président de la Chambre d’agriculture de Corrèze, la qualité de la viande labelisée limousine vaut largement la certification bio. 

Il est très difficile d’avoir une viande tendre, persillée et gouteuse avec une certification bio. Statistiquement, les animaux bio sont moins finis car le fourrage coûte très cher

Tony Cornelissen, président de la chambre d’agriculture de Corrèze 

 

Tony Cornelissen, conclu avec cette remarque pour le moins pragmatique : “Il faudrait plutôt aider les éleveurs à se diversifier sans forcément investir et ne plus dépendre d’un seul et unique marché”. 

 

 

 

 

 

 

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