Auteurs, éditeurs, libraires : comment vivent-ils ce deuxième confinement de l'année 2020 en Limousin ? Au moment où devait se tenir la foire du livre de Brive, Dimanche en Politique reçoit les acteurs de la chaîne du livre, inquiets mais toujours passionnés.
C’est un rendez-vous que France 3 Limousin honore chaque année sans faute, un rendez-vous qui nous tient à coeur, celui de la foire du livre de Brive. Annulée pour cause de pandémie, elle n'a donc pas lieu. Les librairies et les bibliothèques sont à nouveau fermées alors que le besoin de lire, de comprendre, de s’évader ne s’est pas démenti durant le premier confinement.
La rédaction de France 3 Limousin a donc souhaité maintenir une émission spéciale autour de la littérature. Pour savoir comment les auteurs, les éditeurs, les libraires du Limousin et d’ailleurs vivent ce deuxième confinement en l'espace de quelques mois, Annaïck Demars reçoit :
- Franck Linol, auteur de polars, le dernier en date, « La route des mortes », co-écrit avec Joël Nivard est paru en mars 2020 aux éditions geste noir
- Véronique Thabuis, directrice des éditions Lucien Souny en Haute-Vienne
- Claire Hédin Vignaud, libraire jeunesse à Limoges et membre du réseau des librairies sorcières
- François David, commissaire de la foire du livre de Brive, en duplex de Brive
- Jean-Marc Levent, directeur commercial chez Grasset, en duplex depuis Paris
Pour Franck Linol, "la foire du livre de Brive c’est le plus grand événement littéraire de France, une vraie foire du livre et donc là on est tous très tristes. C’est aussi un manque très important du point de vue des ventes : moi, si je rajoute Lire à Limoges, c’est 800 livres que je n’aurai pas dédicacés cette année, et j’ai manqué depuis mars une trentaine de salons donc c’est évidemment une catastrophe d’un point de vue commercial".
Je trouve qu’on parle trop peu des auteurs qui se trouvent dans une situation très critique aggravée par la crise sanitaire. C’est une profession précarisée, paupérisée. Je connais des auteurs qui depuis le mois de mars n’ont pas touché un euro. Il y a très peu d’indemnisation, c’est 1500 € maximum si vous remplissez toutes les conditions avec un dossier kafkaïen à remplir.
Véronique Thabuis, elle, a dû réinventer son métier : "les auteurs, il faut vraiment les aider. Nous, depuis le printemps on a beaucoup travaillé la communication, et on est allés chercher des ressources qu’on n’utilisait pas habituellement et notamment à travers les nouvelles technologies. On fait ce qu’on peut, mais par exemple les 4 nouveautés du mois de novembre, on va les lancer en digital le 13 novembre avec tous les auteurs, leurs amis, avec des libraires, des bibliothécaires, sur zoom, voilà…"
Les librairies doivent-elles rouvrir ?
De nombreux auteurs, dessinateurs ou journalistes comme Daniel Picouly ou François Busnel demandent que le livre soit considéré comme un bien essentiel.
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— Riad Sattouf (@RiadSattouf) October 29, 2020
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Les libraires comme Claire Hédin Vignaud (Rev'en Pages à Limoges), s'organisent pour garder le lien avec leurs clients.
Ça marche si on s’est bien doté en amont d’un site internet marchand qui fonctionne, ce qui n’était pas notre cas lors du premier confinement. Heureusement, cette fois on est bien équipés. Il faut quand même faire de la pédagogie, on ne se passe pas du bon vieux coup de fil, il y a ce clique et retrait et puis on propose aussi un service d’appel en visio pour montrer nos livres jeunesse qui sont multiformes.
Selon Jean-Marc Levent, des éditions Grasset, Brive "est l'un des salons les plus importants aujourd'hui et ça l'est pour tout le monde".
Je pense qu'on devrait rouvrir les librairies, parce que dans des périodes particulièrement troublées, on a besoin de connaissance, de savoir, de s'adresser à des libraires qui vont vous orienter sur ce que vous pouvez lire pour essayer de trouver des réponses à ce qu'il se passe aujourd'hui
Cette crise doit-elle être l'occasion d'une "refonte radicale du marché du livre" comme l'ont réclamé un collectif d’éditeurs indépendants et de libraires dans une tribune parue dans le Monde en mai 2020 ? "On peut considérer qu'il y a parfois un peu trop de livres parus estime Jean-Marc Levent, mais si on commence à réduire le nombre de nouveautés, il y a de fortes chances que ça aille vers les titres qui ont le plus de difficultés à exister comme les ouvrages de sciences humaines qui se vendent à plusieurs centaines d'exemplaires".
L'espérance pour une foire du livre à Brive en 2021
"La 39ème édition aura lieu l’année prochaine, a précisé son commissaire François David, le président sera le même [Didier Decoin, président de l'académie Goncourt], les structures seront les mêmes et on va profiter des mois qui restent pour précisément créer sur notre ville une sorte d’insurrection de la créativité joyeuse pour que l’édition 2021 soit humainement, fraternellement, affectivement une foire importante car on a besoin de se retrouver pour se dire « allons de l’avant ».
Je voudrais croire à l’espérance, je me dis que, quand même, un jour, on va bien voir la fin du tunnel et j’espère qu’on sera sortis du tunnel pour 2021. Ce qu’on voudrait, c’est que cette foire du livre soit la fête de la liberté retrouvée
POUR REVOIR NOTRE EMISSION DANS SON INTEGRALITE :