Limousin : selon UFC Que Choisir, l’eau du robinet est plutôt bonne à 99%, mais les perturbateurs endocriniens menacent

A celles et ceux qui pouvaient en douter, « l’eau est plutôt bonne en Limousin à 99%», selon une étude nationale de l’UFC Que choisir présentée au public ce jeudi 29 avril 2021. Mais les pesticides menacent en zones rurales par exemple.  

Il suffit d’inscrire votre code postal sur une carte interactive disponible sur le site de l’UFC que Choisir pour connaître l’état des analyses de l’eau dans votre commune. Et c’est gratuit.

"On considère que l’eau du robinet est un produit consommé au quotidien, que ça peut être une source potentielle de contamination, avec des pesticides, des nitrates ou des bactéries. Il faut donc la dépolluer pour la rendre consommable. Et ce sont les consommateurs qui paient les factures d’eau et non les contaminateurs (agriculture, industriels, SNCF)". C’est pour inverser cette tendance que l’UFC Que choisir se bat pour faire appliquer le principe du pollueur payeur. "Cette pollution a un impact sanitaire et environnemental. C’est la raison pour laquelle on a mis en place une carte interactive sur Internet, pour connaître l’état de l’eau du robinet chez soi" explique Alain Praud, administrateur national de l’UFC Que Choisir. 

► Accédez à la carte interactive sur le site de l'UFC Que Choisir.

On a déjà un certain nombre d’indications sur notre facture d’eau par exemple, établies par les opérateurs, mais ce sont des informations très fragmentaires. Il y a un lien vers le site de l’ARS et des opérateurs privés mais le commun des mortels ne sait pas décrypter parce qu’il y a des milliers de résultats à lire.

"Nous avons voulu rendre ces études plus lisibles et compréhensibles pour tout le monde. Ce qui a représenté un très gros travail, à l’échelle nationale car il a fallu analyser tous les lieux de captage de chaque commune". 

Pour ce faire, des grilles d’appréciation facilement lisibles sont utilisées avec des couleurs qui vont du vert au rouge, de très bonne à très mauvaise qualité. Cela concerne 3 critères importants :

  • le filtrage (si l’eau sent mauvais par exemple)
  • une recherche sur les pesticides
  • l’étude bactériologique 

Il y a des critères qui déterminent les normes de qualité, qui sont fixés par l’État, qui sont impératifs, ce qui peut pousser à fermer un lieu de captage s’il y a une pollution exceptionnelle. Un critère concerne les références de qualité qui sont indicatives mais pas dangereuses : odeur, goût, couleur. On regarde s’il y a du fer, de l’aluminium ou encore des restes de PVC ou de plastiques.

Perturbateurs endocriniens

Les effets toxiques des polluants, sont connus depuis 70 ans à peu près et ont servi à établir un niveau de sécurité sanitaire.

Mais il y a un élément qui n’a pas été étudié et que l’UFC a voulu faire ressortir, ce sont les perturbateurs endocriniens. Cela ne fonctionne pas comme des poisons que l’on pourrait ingérer, ce sont des doses extrêmement faibles, mais qui à terme peuvent jouer sur l’organisme et interférer sur le fonctionnement quotidien. Par exemple sur le cycle de la vie, comme la puberté précoce, le développement de cancers, ou l’infertilité. C’est la dose qui fait l’effet, il y a un effet cocktail qui aggrave la situation.

"Ce qu’on regrette c’est que ces perturbateurs sont connus depuis 15 ans, et qu’il n’y a pas de recherches ni de réglementations. Il faudrait prendre des arrêtés pour interdire les molécules qui contiennent des perturbateurs endocriniens".

Sans incriminer personne, en Corrèze, comme il y a beaucoup de culture de pommes,"on peut retrouver des traces de perturbateurs endocriniens dans l’eau. Il y a par exemple une zone en rouge dans le nord de la Corrèze (50 km dans l’environnement de Tulle) ".

 

"On essaye de peser sur l’Agence Régionale de Santé pour qu’elle améliore les recherches sur ces perturbateurs et de faire pression sur les pouvoirs publics pour interdire ou limiter les perturbateurs endocriniens. On en trouve dans tous les produits, ça peut venir des pesticides".

Sur la Haute-vienne, la qualité de l’eau est plutôt bonne à 99%

Malgré tout, "il y a une très bonne qualité de l’eau en ville, notamment sur Limoges", rassure Alain Praud. Selon lui, il y a quelques rares contaminations liées au pesticides, (3 réseaux non conformes : ce sont les communes autour d’Oradour-sur-Glane, Neuvic Entier, et Moissannes. Ce sont des zones de cultures un peu plus intensive dans l’ouest du département et dans le sud, sud est vers Neuvic ou encore Moissannes.

L’UFC Que Choisir a relevé des proportions de non-conformité situées entre 25 et 50%. "Ce n’est pas dramatique à ce niveau, mais il faut que les pouvoirs publics et les communes soient plus vigilantes à l’utilisation des pesticides agricoles, réitère l’administrateur. Dans la région, ce sont essentiellement des petites communes rurales qui sont touchées."

La raison c’est que les zones de captages sont souvent à proximité des zones de cultures ou d’élevage.

Chlorures de vinyle

Il y a quelques communes qui sont hors classement, détaille Alain Praud "parce que les doses ne sont pas considérées comme nocives, compte tenu de la contamination au chlorure de vinyle qui sont dues en partie aux canalisations qui vieillissent et dont les tuyaux libèrent des molécules qui altèrent la qualité de l’eau. Cela concerne la zone de Bellac, Châteaux-chervis et Chamboret."

Pour le responsable national de l’UFC Que Choisir, il est possible de conseiller aux maires de vérifier les zones de captages et de contrôler plus régulièrement les résultats des analyses dans les stations de captage.

A noter que les chlorure de vinyle peuvent provoquer à haute dose des cancers du foie ou cirrhose. "On l’a relevé dans 63 réseaux de la Haute-vienne. Il faut donc être attentif".

Il y a-t-il de la radioactivité ou pas dans l’eau ?

On a en Limousin,  quelques traces de radioactivité qui sont dues à la qualité des sols granitiques selon le responsable de l’UFC Que Choisir. Et on en retrouve autour de quelques communes comme : Mortemart, Montrol-Sénard, Blond ou encore Saint Sylvestre.

Là où c’est le plus grave ce sont les canalisations en plomb, mais il n’y en a pas en Limousin où elles ont été changées entre temps.

Le nombre de molécules qui devraient être recherchées sont au nombre de 750, celles qu’on peut retrouver dans les robinets, en moyenne par les prélèvements d’eau. "Mais bizarrement, on n’en cherche que 206 en moyenne en France et seulement 85 en Haute-vienne. Ce qui est très faible par rapport à la moyenne nationale" se désole Alain Praud. Quand on dit recherche de molécules, cela concerne les pesticides et les métabolites : aussi bien l’aluminium, l’azote, le bore, le cadmium, le mercure…)  mais certaines molécules ne sont pas recherchées.

L’UFC demande à ce que l’ARS commande des analyses beaucoup plus fines pour la protection des populations, et qu’il y ait des normes plus contraignantes pour interdire l’usage de certains pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. "On milite pour un principe de précaution plus important ", martelle Alain Praud. Une pétition circule pour que la pression soit la plus forte sur les pouvoirs publics.

 

 

 

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