Le prix du paracétamol va-t-il bientôt augmenter ? C’est la demande de certains laboratoires pharmaceutiques français. En visite au cœur du site d’UPSA, la vice-présidente de la commission d'enquête du Sénat sur la pénurie de médicaments, Laurence Harribey n’a pas rejeté leur requête.
Produire du paracétamol en France coûte aujourd’hui 76 centimes par cachet. Leur prix de vente est quasi-équivalent. Après la pénurie de cet hiver, les laboratoires français tirent la sonnette d’alarme : la France doit rehausser les prix de ces médicaments génériques.
“On a produit 350 millions de boîtes en 2022, toutes en France. On souhaite que les prix des médicaments matures, comme, en ce qui nous concerne, le Dafalgan ou l’Efferalgan, puissent augmenter ”, affirme Laure Le Chertier, directrice de l'accès au marché et du développement durable UPSA Global.
Le prix, cause de la pénurie
Cet hiver 2022, au cœur des épidémies de covid, grippe et bronchiolite, les boites de paracétamol étaient très difficiles à obtenir. Sanofi, l’un des producteurs majeurs du médicament, n’a pas été en mesure de fournir, entrainant une pénurie dans l’hexagone.
Pourtant, en Lot-et-Garonne, UPSA a opté pour une autre stratégie : il a redirigé ses stocks, soit 1 million de boîtes, destinés à l'étranger, vers le territoire national. Si la décision a permis de contrer certains manques, la situation a alerté les autorités. Une commission d’enquête a été créée pour comprendre les raisons de cette pénurie et les choix des groupes pharmaceutiques.
Le compte-rendu n’est pas attendu avant plusieurs mois, mais une piste se dessine : le marché français est peu rentable pour les laboratoires. “Avec notre système social, on est sur une stratégie de conception au moindre prix, ça pose problème. Si on veut mieux maîtriser notre chaîne du médicament, il faut revoir les prix, tout en relocalisant notre production”, avance Laurence Harribey, sénatrice de Gironde.
Relocaliser pour éviter les pénuries
Pas question, pour autantn d’augmenter tous les médicaments. La sénatrice entend remonter seulement les prix des médicaments dits matures, dont la rentabilité est faible, souvent concurrencés par des génériques produits à bas coûts.
“Il faut une stratégie différenciée selon les types de médicaments. Il faut aussi faire une distinction entre les multinationales et les entreprises françaises”, souligne la vice-présidente de la commission d’enquête.
La sénatrice mise sur la relocalisation de l’industrie pharmaceutique pour mieux contrôler la production et les stocks. Aujourd’hui, 3 000 médicaments sont en situation de tension ou de pénurie.