C’est un effet inattendu de la crise du COVID. Les adoptions canines et félines connaissent un grand succès. Les refuges, comme celui de Brax, tout près d’Agen en Lot-et-Garonne, ne désemplissent pas, accueillant à tour de bras des visiteurs venus des départements voisins.
Au refuge de Brax, près d’Agen, la mascotte s’appelle Massaï ! 56 kg de muscles et une triste histoire faite d’abandon et de maltraitance. "Il a très mal vécu l’abandon par son maître. Trois semaines entières ont été nécessaires pour parvenir à le sortir du box sans qu'il nous morde. C’est moi qui m’y suis attelée car le courant passait bien entre nous. Désormais, il me suit partout comme une ombre. Il n’empêche, 56 kg qui s'agacent, ça peut faire mal." confie Nicole Bonadio, vice-présidente du Refuge de Brax.
Résultat, Massaï, le beau dogue argentin est inadoptable. Mais au refuge de Brax, c’est bien le seul !
La trentaine de chiens présente au chenil n’attend que ça : rencontrer une nouvelle famille pour entamer une seconde vie.
Tous ou presque ont connu un parcours chaotique, retirés à leurs maîtres, placés en fourrière, abandonnés. Mais heureusement, les temps leur sont favorables, car l’adoption canine a le vent en poupe.
Du jamais vu depuis la création du refuge
Le refuge a connu une année exceptionnelle. En 2020, les bénévoles sont parvenus à placer 280 chiens et 150 chats, un record depuis la création de l’association, reconnue d’utilité publique, en 1962.
Cela fait 56 chiens et 23 chats de plus que l’année précédente, c’est énorme. Avec les confinement successifs, les gens se sont retrouvés avec du temps pour eux et donc plus disponibles pour adopter un animal.
Pour autant, aucun animal n’a été placé en appartement. Les règles historiques du refuge n’ont pas changé : la condition sine qua non pour accueillir un chien du refuge est de disposer d’un extérieur. Résultat, cela favorise grandement les intégrations et les retours restent peu nombreux.
Beaucoup de familles
Parmi les candidats à l’adoption, quelques personnes seules, des couples ou des retraités, mais surtout de nombreuses familles avec enfants, venues de tout le Lot-et-Garonne et des départements limitrophes, Gironde, Landes, Gers ou Tarn-et-Garonne. "Je pense que les gens ont eu davantage de temps. Ils se disent : puisque nous avons du temps, du terrain et que l’on peut se promener, autant adopter un animal. Nous allons avoir le temps de nous en occuper, et lorsque l’on reprendra le travail, le chien sera déjà bien habitué à nous et à sa vie." analyse Christine Salane, présidente du Refuge de Brax.
Justement, c’est une mère et ses filles, venues de Castelculier, dans les environs d’Agen, qui arrivent au refuge, une idée bien précise en tête : adopter un chien pour toute la famille.
Murielle est une serial adopteuse. Depuis toute petite, elle a toujours vécu avec des animaux issus de refuges et comptent bien en faire de même avec ses enfants.
Le test de la ballade
Zach, beau labrador de 9 ans, gambade joyeusement à leurs cotés, tout heureux de sortir pour cette balade improvisée.
Une promenade synonyme de premier contact. "Effectivement, nous sommes ici pour une adoption. On a perdu notre chien il y a quelques semaines. " explique Muriel la serial adopteuse.
Venir en refuge, c’est donner une nouvelle chance à un animal qui a déjà une histoire, souvent loin d’être rose… Et puis on a l’impression de faire une bonne action pour lui offrir une vie plus agréable que celle qu’il a connu jusqu’à présent.
De retour de balade, la discussion s’oriente sur le caractère de l’animal. Point positif, Zach est le chien de famille par excellence, doux avec les enfants, patient et dévoué. Malheureusement, son seul défaut -son aversion pour les chats- sera rédhibitoire, la famille de Murielle possédant plusieurs félins. L’adoption rendue impossible, Zach retourne dans son box le regard triste. Pour lui, l’attente recommence.
Coup de foudre réciproque
A quelques enjambées de là, le destin, en revanche, semble sourire à Luzette, une croisée de 5 ans, occupée à apprivoiser ses nouveaux maîtres, un couple de passionnés de chiens venu du Tarn-et-Garonne, ravi de cette rencontre.
Quelques minutes de promenade en compagnie de la chienne auront suffi à les convaincre. "Elle est géniale, magnifique ! Elle recherche de l'amour et de l’attention… Je crois que l’on va repartir avec elle."Stéphanie et Cyril sont enthousiastes. La magie opère... La chienne se love déjà tout contre ses futurs maîtres. Eux aussi ont fait le choix d’une adoption en refuge.
On veut donner une seconde chance à ces animaux et leur montrer qu'il n'y a pas que des mauvais maîtres. Et puis chez nous, c’est déjà l’arche de Noé ! On a déjà sauvé un chien maltraité, alors, pourquoi pas un deuxième ?
De retour au refuge, ça y est, la décision est prise : "On la prend, on fait les papiers !"
La gentillesse de Luzette a emporté la décision du couple. Une renaissance pour la chienne, retirée à son propriétaire par arrêté municipal, mise en fourrière et vraisemblablement maltraitée alors même qu’elle était pleine.
Ouvert 7 jours sur 7 au public
Au refuge de Brax, on ne connaît pas la crise. Le balai des bénévoles venus promener les chiens et des visiteurs en quête de compagnon à quatre pattes se poursuit.
La crise du Covid a même largement renouvelé l'interêt des Français pour les animaux de compagnie. Ouvert 7 jours sur 7, le chenil, reconnu d’utilité publique, défie le confinement et propose à tous les amoureux des animaux de rompre la spirale de l’isolement.