Alors que les projets fleurissent dans le département, les propriétaires de terrains voient dans le photovoltaïque une importante source de revenus, mais se heurtent à l’opposition de riverains au nom de la préservation de l’environnement.
Ils font désormais partie du paysage. Dans les champs ou sur les lacs, de plus en plus de panneaux photovoltaïques se mêlent au vert des forêts et au bleu des points d’eau. Au sein de la grande région Nouvelle-Aquitaine, c’est dans le Lot-et-Garonne que cette source d’énergie se développe le plus ces dernières années.
S’il s’inscrit dans l’air du temps, ce développement exponentiel du photovoltaïque n’est pas du goût de tous les habitants. À Durance, un riverain dénonce la proximité de panneaux qui devraient être installés dans un champ, à moins de 100 mètres de son domicile. “Il y a plein d’autres endroits où cela peut être mis, sur des friches industrielles, sur des toits, sur plein d'autres endroits plutôt que dans la nature ou aussi proche des maisons, estime Patrick Daude-Lagrave, devenu porte-parole du collectif Halte aux panneaux. Là, cela touche directement des habitations.”
"Un complément de retraite considérable"
Sur la commune, malgré les oppositions récentes, 10 % de la surface est déjà dédiée au photovoltaïque. Alerté par les habitants qui s’élèvent contre ces projets, le maire (sans étiquette) défend ses administrés en se ralliant à leur cause. “On a donné un avis défavorable assez clair et rapide dès que les riverains sont venus nous voir, affirme Sylvain Da Dalt. On est élu, ce serait bien que l’on soit entendu.”
Or, la plupart des projets concernent des terrains privés, et non des terrains communaux. En cas de contentieux, c’est à la préfecture que revient le dernier mot. Toujours à Durance, Bruno Jullien espère être suivi par les services de l’Etat. Il est propriétaire de terres agricoles peu rentables qu’il ne parvient plus à louer depuis plusieurs années. L’intérêt d’une entreprise photovoltaïque pour son terrain constituerait pour lui une nouvelle source de revenus inespérée. "C’est 1500 euros par hectare au moins, probablement davantage, avance-t-il. Pour moi, c’est un complément de retraite considérable. En tant qu'agriculteur et artisan, ce ne sont pas des professions qui ont des retraites très importantes".
Cela me permettrait de doubler ma retraite.
Bruno JullienPropriétaire d'un terrain agricole à Durance
Les agriculteurs entre deux feux
Un pari que d’autres agriculteurs ont déjà réalisé. À Boé, l’entreprise lot-et-garonnaise Reden Solar a transformé neuf hectares d’une exploitation en une gigantesque serre. De quoi assurer au propriétaire la continuité de son activité, tout en bénéficiant d’un complément de revenu confortable, sans débourser un seul centime pour l’installation des infrastructures.
“L’agriculteur bénéficie d’un équipement qui lui est mis à disposition gracieusement (...) qui permet de se consacrer uniquement à la partie agricole sans pour autant supporter les équipements derrière", soutient Olivier Bousquet, directeur exécutif du développement en France de Reden Solar.
Ces retombées économiques peuvent également profiter, le cas échéant, aux municipalités. Dans un communiqué, la maire de Montpouillan affirme que les 22 hectares de panneaux à venir sur une ancienne gravière, redevenue propriété de la commune, permettra d’investir dans l’urbanisme, l’aménagement et l’entretien, mais aussi dans des projets destinés à l’éducation, la jeunesse et les loisirs.
Une vocation écologique contournée ?
En soulignant les avantages écologiques du photovoltaïque par rapport aux énergies fossiles, la mairie réfute toutefois l’argument environnemental des opposants. Mathilde Brisset, qui habite à proximité du point d’eau, en fait partie depuis qu’elle a appris son existence dans la presse. “À la base du projet, l’idée était que ça revienne à la mairie avec une vocation écologique basée sur la préservation de la biodiversité. On n’y est pas du tout, assène-t-elle.
Avec ces panneaux photovoltaïques qui s'installent là, bien entendu que toute la faune, toute cette richesse va disparaître.
Mathilde BrissetMembre du Collectif des sables à Montpouillan
Partout dans le département, la multiplication des opposants ne fait que suivre le rythme des projets toujours plus nombreux. Selon le collectif "On Bouge”, une soixantaine de communes du Lot-et-Garonne seraient concernées.