Efferalgan, Dafalgan… Une grande partie du paracétamol est produit à Agen. Pour l’heure, le médicament commercialisé notamment par UPSA reste le seul recommandé officiellement par les autorités sanitaires contre les symptômes du Coronavirus.
Comment l’entreprise UPSA basée en Lot-et-Garonne vit-elle cette période d’épidémie alors que son produit phare à base de paracétamol est au coeur des prescriptions contre les symptômes du coronavirus ? Son Président directeur général, François Duplaix, a accepté de répondre aux questions de notre journaliste d'Agen, Ingrid Gallou.
Quel impact l’épidémie de Coronavirus a-t-elle eu sur votre activité ?
"Nous avons eu un gros pic de commandes en France il y a une semaine de cela, lorsque le gouvernement a réitéré sa préférence pour le paracétamol en cas de fièvre. S’est ajouté un sentiment de panique des clients lié à la peur d’une pénurie."
Nous avons connu le même phénomène en Suisse et en Belgique.
L’annonce du rationnement de paracétamol en pharmacie (une boîte par personne, deux pour une personne souffrante ) a donc été une bonne nouvelle pour vous ?
Globalement, nous produisons un million de boîtes chaque jour dans nos usines d’Agen, ce qui nous place dans le Top trois des usines pharmaceutiques en France.
Donc oui, la décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament a été salutaire. Sur nos lignes de production, on augmente peu à peu la part du paracétamol sur les autres médicaments. Mais notre usine, c’est un peu comme un gros paquebot, on ne change pas de cap comme çà.Mais malgré ce pic énorme, on ne double pas comme ça la production dans une usine comme la nôtre.
Existe-t-il un risque de pénurie ?
Nous avons deux mois de stocks. Sur la France, on doit pouvoir répondre à la demande mais la situation devrait être plus tendue en Suisse et en Belgique. Alors, on travaille à augmenter la production. Tout le personnel est mobilisé, on fait de notre mieux. Chacun d’entre-nous se rend compte de la responsabilité qu’il porte, d’autant que l’on produit quasiment 100% de ce que l’on vend sur le site d’Agen.
La tension se situe plus au niveau de la distribution que de la production. En conséquence, nous avons mis en place une équipe de nuit au sein du centre de distribution d’Agen.
A l’issue de cette crise sanitaire, des leçons devront être tirées. La production de médicaments en circuits courts et « made in France », c’est une priorité ?
Nous faisons figure d’exception. Très peu de laboratoires produisent en France. C’est le fruit d’un choix raisonné et d’un ancrage territorial fort. 1.400 salariés travaillent ici. Cela génère 3.500 emplois indirects. Certains de nos procédés comme l’effervescence nécessitent un vrai savoir-faire, aussi, nous n’avons jamais vraiment envisagé de délocaliser.
Néanmoins, depuis la délocalisation de Rhône-Poulenc, 85% de notre paracétamol provient des Etat-Unis et 15% de Chine, ce qui nous rend dépendant de la matière première. Mais l’on serait ravis d’avoir le choix avec un producteur français.
La prise de conscience de l’administration française date d’avant la crise du Coronavirus. Il faut renforcer la production française.