Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, dans le Lot-et-Garonne, l'Epi-bus, une épicerie solidaire mobile, va à la rencontre des habitants des villages pour proposer des denrées invendues à des prix très abordables.
Sur la place de la petite commune de Saint-Robert, d'à peine 200 habitants, un comité d'accueil commence à se former lorsque Thierry Lasnier ouvre les portes de son véhicule aménagé. "Ah ça fait plaisir d'avoir le sourire", lance Geneviève Bontemps, accent chantant et sac de courses à la main. Depuis quelques semaines, cette habitante d'un village mitoyen a ses habitudes et attend avec enthousiasme le passage de l'Épi-bus, une épicerie solidaire mobile, qui sillonne le Lot-et-Garonne. "C'est convivial et nous avons le plaisir d'être accueilli avec le café", sourit-elle.
60 centimes le kilo
L'épicerie ambulante, initiée par l'Agglomération et la Régie de Territoire Vallée-du-Lot, entend aller à la rencontre d'un public fragilisé, vivant dans les territoires ruraux, pour leur proposer des produits à bas coûts. Ici, les denrées proviennent des banques alimentaires ou des producteurs locaux, et sont revendues à la modique somme de 60 centimes le kilo.
Une aubaine pour Geneviève, qui peine "avec sa petite retraite", à vivre convenablement. "Je trouve ce que je veux sans passer par les grandes surfaces où c'est très cher et par rapport à nos moyens, on ne peut pas se permettre de prendre tout ce que je veux, relève-t-elle. Là, je prends beaucoup de légumes et je peux faire de la cuisine équilibrée."
Le montant de nos retraites n'a pas suivi l'inflation et ça nous met dans l'embarras.
Geneviève Bontempshabitante
Fruits, poisson, conserves, la petite épicerie a tout d’une grande. Certains produits comme l'huile ou la farine peuvent parfois même être cédées gratuitement. "Aujourd'hui, j'ai pris des carottes et des aubergines qui sont bio, du dentifrice et des plats préparés, les enfants adorent ça", glisse Samuel Pontini, lui aussi adepte de l'Epi-bus.
Joindre les deux bouts
Le bus traverse sept communes du département. Il fait des escales de presque deux heures à Pujols, Sainte-Colombe, Sainte-Livrade, Saint-Antoine-de-Ficalba, Dolmayrac, Allez-et-Cazeneuve, et Saint-Robert donc.
Au volant, Thierry Lasnier, ancien fonctionnaire, reprend du service après un an de la retraite "pour aider les gens". "Aller dans les villages, c'est quelque chose de très intéressant. Il y a un côté très humain. Il y a beaucoup de familles qui nous le disent, nous remercient, sont un peu gênées, c'est assez touchant", confie-t-il.
Le plafond de ressources pour pouvoir être client de l’Épi-bus s'élève à 1 600 euros par mois. "Les gens qu'on veut toucher, ce sont les travailleurs précaires, ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts ou les retraités qui ont des pensions faibles pour subvenir à leurs besoins", détaille Thomas Coutarel, responsable de l'épicerie solidaire.
Lien social
Le petit village de Saint-Robert ne possède aucun commerce. Alors pour le maire de la commune, Cyril Friedrichs, l'épicerie solidaire est un pari gagnant. "Cette épicerie apporte un lien social incontestable, ils viennent souvent avant l'ouverture du bus pour avoir le temps d'échanger, la mairie est ouverte et retrouve son âme de maison du peuple", se réjouit l'élu.
C'était insupportable de voir ce qu'on pouvait jeter donc c'est satisfaisant de voir que cela va être consommé. Si tout était jeté à la poubelle, ça coûterait des fortunes pour la collectivité, c'est un pacte gagnant-gagnant.
Cyril Friedrichsmaire de Saint-Robert
Au vu du succès de cette épicerie solidaire, un second Épi-bus pourrait voir le jour dans le cadre du projet alimentaire territorial.