Blocage de l'A62. La colère monte chez les agriculteurs : "le président Macron se fout de nous"

Initialement prévue jeudi 25 janvier, la manifestation de la coordination rurale du Lot-et-Garonne a été avancée à ce lundi. En cette fin d'après midi, des centaines de tracteurs bloquent l'autoroute A62. Le trafic SNCF est interrompu entre Marmande et Montauban.

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Ils sont en colère et comptent bien se faire entendre.  Les agriculteurs bloquent l'autoroute A62 ce lundi 22 janvier, en manifestant sur des tracteurs. Un mouvement de grogne qui a d'importantes conséquences pour les automobilistes, contraints de sortir au niveau d'Agen.

Circulation perturbée

Dans le sens Bordeaux Toulouse, la sortie par l'échangeur autoroutier Agen Brax (6.1) est obligatoire. Dans le sens Toulouse Bordeaux, l'autoroute A62 est fermée entre la sortie 9 et la sortie 7 incluse, précise la préfecture du Lot-et-Garonne. Cela devrait durer toute la nuit, précisent les organisateurs de la mobilisation. 

Les services de l'État précisent avoir fermé plusieurs axes d'Agen afin de sécuriser la mobilisation des agriculteurs, à savoir : la voie sur berge (D 1113) ; la D813 au rond-point à Castelculier, mais également à hauteur de Port-Sainte-Marie, puis la D1021 au rond-point le Rouge de Foulayronnes. 

Il est recommandé aux automobilistes d'éviter le centre-ville, l'autoroute A62 sortie 7 ainsi que les abords de l'agglomération agenaise. 

Le trafic SNCF, lui, est interrompu entre Marmande et Montauban. Cette interruption fait suite aux jets de pneus, par les agriculteurs, sur les voies ferrées. 

Agriculteurs vulnérables et en colère 

Sur l'A62, ce sont plus d'une centaine d'agriculteurs, en tracteur, qui ont décidé de bloquer la voie rapide dans les deux sens de circulation. Une protestation de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, qui fait écho à un mouvement initié en Occitanie, par le syndicat des Jeunes Agriculteurs qui a mené des actions similaires dans les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne et l'Ariège. 

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"Nous n'avons plus une seconde à attendre", annonçait la Coordination rurale 47 sur les réseaux sociaux, alors que sa mobilisation était initialement prévue pour le 25 janvier à Colayrac-Saint-Cirq. 

Dès ce début d'après midi, la protestation s'est mise en place à Colayrac-Saint-Cirq, au nord-ouest d'Agen.  "Agriculteurs vulnérables et en colère " peut-on lire sur la pancarte transportée par un tracteur en tête de cortège.

À l'origine de cette nouvelle crise de l'agriculture, les hausses constantes des taxes et les responsabilités qui pèsent sur eux du fait du Green Deal européen, de l'inflation, de la concurrence des produits ukrainiens et de l'inaction de l'État. 
Les agriculteurs et leurs représentants syndicaux attendent depuis trop longtemps la loi d'orientation agricole, annoncée par Emmanuel Macron il y a plus d'un an, et transformée en projet de loi, bien moins étoffé que prévu. 

La coordination rurale 47 en tête de cortège

Dimanche 21 janvier, afin de présenter les mobilisations à venir, les deux coprésidents de la CR47, Karine Duc et José Pérez, signaient un communiqué incisif, intitulé "Une colère qui sort des tripes" et commençant par les mots très forts : "L’un des maillons très essentiels de notre nation crève."

Oui, nous, agriculteurs, nous crevons ! L’État nous saigne ! Mais vous le savez déjà et ne faites rien pour y remédier.

Katia Duc et José Pérez

Co-Présidents de la CR47

"Qui ne crèverait pas ? Si l'on supprime vos revenus, plus un radis, si l’on saborde votre travail, Si l’on augmente toutes vos charges, vos contraintes", ajoutaient-ils.

Des mots qui ont été repris ce lundi par les agriculteurs mobilisés par ce mouvement et très remontés contre Emmanuel Macron. "On est là pour manifester notre mécontentement face à notre président Macron qui se fout de nous", expose Pascal Beteille, à la tête de la Coordination rurale 47.
"Dans sa dernière allocution, il n'a pas du tout parlé d'agriculture ni de la souveraineté alimentaire. Les journalistes n'ont même pas posé de questions à ce sujet, à croire que ça n'intéresse personne", renchérit Didier Galeinou agriculteur à Casseneuil.

On nous impose plein de normes alors que la marchandise qui arrive des autres pays n'est pas soumise aux mêmes cahiers des charges,  ce n'est pas normal !

Didier Galeinou

Agriculteur à Casseneuil

Évoquant l'avenir de la souveraineté alimentaire en France, l'agriculteur insiste si "S’il y a plus d’agriculteurs en France, il n’y aura plus grand-chose sur les étals" avant d'avancer "2/3 des agriculteurs d'ici à 10 ans ne seront pas remplacés", et de conclure "Les politiques n’ont pas pris conscience de ce phénomène". 

Au micro, la vice-Présidente de la coordination rurale insiste "Le mal-être, il est partout en Europe et l’épicentre en France, il est ici dans le Sud-ouest."

"C'est très difficile de s'en sortir"

Producteur de kiwis au Passage d'Agen, Laurent Gérard, 28 ans, s'est installé il y a cinq ans ; "C'est très difficile de s'en sortir. On est payé le minimum, on a tout juste de quoi recommencer l'année d'après, déplore le Lot-et-Garonnais qui affirme avoir plus d'un million d'euros d'emprunt à rembourser sur vingt-cinq ans.

"Je vends mes kiwis deux euros le kilo. C'est moi qui fais le plus gros du travail. Et bien, ils ressortent à 8 euros le kilo pour le consommateur, s'indigne-t-il. Il faut que l'État oblige l'ensemble de la filière à être transparents sur les marges".

Vers un mouvement national

"Tant qu’on n'aura pas des réponses fortes avec des changements de politiques, avec des changements de stratégies, des politiques moins écologistes, moins environnementales, on ne bougera pas" déclare José Perez, vice-président de la CR 47. 

Le syndicat a indiqué poursuivre le blocage de l'A62 toute la nuit et aller voir la préfecture du Lot-et-Garonne et les banques dès demain. "C'est tout un système qui ne va pas", a martelé son représentant. 

Ça va être les gilets jaunes des agriculteurs. C’est maintenant qu’il faut agir. On est en place, on ne sait pas pour combien de temps

José Pérez

Vice Président CR47

En cette fin de journée lundi, la coordination rurale n'a pas annoncé la fin de son mouvement.  Sur sa page Facebook, elle répète que "sa détermination est sans faille". 

Mardi 23 janvier, le mouvement devrait s'étendre à Limoges, Toulouse et en Dordogne.

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