Comment vivre après l’inceste ? Comment accompagner le traumatisme et aider les victimes à vivre avec leur histoire ? De quelle guérison parler lorsque le corps a été violenté, l’identité humiliée, l’interdit transgressé, la loi bafouée ? A Agen, un lieu accueille les jeunes filles concernées par cela. Un sujet encore tabou qui a fait l'objet d'un documentaire.
Comment vivre après l’inceste ? Comment accompagner le traumatisme et aider les victimes à vivre avec leur histoire ?
De quelle guérison parler lorsque le corps a été violenté, l’identité humiliée, l’interdit transgressé, la loi bafouée ?
"Je me sens sale. J’ai envie de m’enlever tout ce qu’ils m’ont mis dans le corps. J’ai l’impression qu’on m’a pourrie de l’intérieur.
Quand je me coupe, je me fais du bien parce que je vois le sang couler. Je n’aime pas que ça guérisse, j’aimerais que ça reste à vif.
Je veux avoir des marques de mon enfance. "
Laura, abusée par son grand-père et ses oncles.
Des mots difficiles à lire et à entendre dans ce commentaire filmé en immersion au sein d'une structure unique.
Depuis plus de 20 ans, la Maison d’Accueil Jean Bru à Agen accueille et aide, dans un même lieu, des jeunes filles victimes d’agressions sexuelles au sein de la famille, seule structure des pouvoirs publics à avoir cette mission propre.
Le magazine L'express lui a consacré un reportage il y a quelques temps.
Une aide est apportée à ces victimes pour restaurer l’estime de soi, l’identité individuelle, et les aider à se reconstruire pour poursuivre leur vie.
Des personnels formés à ce traumatisme spécifique oeuvrent au quotidien dans le but de les libérer de l’aliénation psychologique et de la honte.
Un travail sur le moyen et le long-terme pour leur offrir des perspectives éducatives et sociales égales à celles d’un enfant ordinaire.
Le titre du film, "À hurler du silence" fait référence à tous ces cris, ces appels restés sans réponse.
Dans l'intimité du centre
Le film, tourné dans l'enceinte du centre Jean Bru, suit les trajectoires de quelques filles avec leur éducateur référent sur plusieurs mois. À travers le quotidien, on découvre alors l’histoire de chacune et le lien qui s’instaure entre elle et son éducateur.
La réalisatrice Hélène Trigueros a recueilli des témoignages poignants de victimes prêtes à s'exprimer sur leur traumatisme, et des personnels soignants.
Une caméra présente en toute discrétion alors que l'insupportable se raconte ou s'écrit parfois, faute de pouvoir formuler oralement l'indicible.
J'ai beaucoup de souffrance. Je suis arrivée en toutes petites miettes. Mais mes miettes, ici, elles se reconstruisent.
Un film fort, qui met des mots sur ce que l'on ne peut imaginer. Un film empli d'espoir car, en oeuvrant à la réconciliation des victimes avec elles-mêmes, les personnels de la maison Jean Bru aident les victimes à recréer une vie ordinaire avec une histoire singulière... Et leur permettre de continuer leur vie, une autre vie.
Nous commencons à apprécier une vie recontruite après un naufrage de l'âme.
Une coproduction Futurikon et France Télévisions.
Durée : 52 min