La période d’arrêt des fours a été plus longue que prévue. Pour faire face à la hausse du prix du gaz, la briqueterie, située à Monsempron-Libos en Lot-et-Garonne, avait annoncé l’arrêt de sa production de décembre 2022 à février 2023. L‘usine a finalement repris son activité normale fin mars.
A la crise énergétique s’ajoute la météo capricieuse. Malgré l’arrivée du printemps, le froid persiste et l’utilisation massive du gaz pour les particuliers dure plus longtemps que prévue. "On a voulu avoir une réponse civique à une problématique économique globale, explique Mesmin Béragne, le patron de Tellus Ceram, une briquetterie située à Monsempron-Libos. On a donc choisi de laisser du gaz pour les particuliers un mois de plus ".
« On n’a pas eu d’autre choix »
En été 2022, au pic de l’inflation, la facture du gaz a été multipliée par 10. Sur les cinq fours que possède l’usine, un seul fonctionne entre juillet et septembre. C’est un de trop pour maintenir l’équilibre financier de la briqueterie. Face à la crise, et pour éviter à tout prix de licencier ses employés, le patron de Tellus Ceram n’a donc pas eu d’autre choix que d’arrêter momentanément les fours de l’usine.
"A la fin de l’été on était face au mur, raconte-il. L’Etat a annoncé qu’il pouvait nous demander de couper le gaz dans les deux heures". Un dispositif techniquement impossible à mettre en œuvre: " Nous avons deux fours de 100 mètres, pour les arrêter, il faut compter environ 8 jours. Pour les fours plus petits, de 50 mètres, il faut entre 4 et 5 jours, sinon, le matériel est endommagé et surtout, la totalité de la production à l’intérieur est à jeter". Une perte potentielle de production estimée entre 50 et 100 000 euros pour chaque grand four.
"On a puisé dans les stocks accumulés pendant le Covid"
Pour la première fois dans l’histoire de l’entreprise, les fours ont donc cessé de fonctionner. Parallèlement, le carnet de commande n’a pas, ou peu désempli. Pour répondre à la demande des clients, Tellus Ceram a donc puisé dans les stocks effectués pendant la période creuse du Covid, un an auparavant. "Sans ces réserves, je ne sais pas si on s’en serait sortis", concède le Mesmin Béragne.
Passage à la semaine de quatre jours
Malgré la conjoncture, les employés de Tallus Ceram ont été préservés du chômage technique. "On a profité de ces quatre mois pour former les équipes avant la prochaine saison, explique le dirigeant. On anticipe la suite, six personnes du four sont par exemple passées en usinage".
Au-delà des formations, l’organisation du travail a été repensée. Pour économiser une journée d’énergie, la semaine est passée de 5 à 4 jours, en maintenant un salaire basé sur les 35 heures.
Objectif : autosuffisance énergétique
L’année 2022 a été éprouvante pour ce patron d’entreprise. "On a perdu de l’argent sur toutes les commandes. Le prix de l’énergie ramené à la molécule, ça fait de 340 % d’augmentation en 2022. On a donc perdu environ 20 % de chiffre d’affaire ".
Mesmin Béragne compte bien tout mettre en œuvre pour parvenir le plus rapidement possible à l’autosuffisance énergétique. Grâce, entre autres, à l’utilisation de bio gaz, produits par les méthaniseurs du Lot-et-Garonne, ou à l’installation de panneaux solaires qui devraient être opérationnels d’ici fin 2024.