Le président de la chambre d'Agriculture a répondu à la préfète Béatrice Lagarde qui le somme de remettre en état le lac de Caussade. "Aucun agriculteur ne laissera qui que ce soit déconstruire ce qui a été fait", a-t-il prévenu.
Elle avait annoncé sa riposte. Cette dernière a eu lieu ce jeudi midi, sous forme d'une conférence de presse.
La Chambre d'Agriculture de Lot-et-Garonne a répondu à la préfecture, qui l'a sommée de remettre le site du lac de Caussade en état, et exigé une consignation d' 1 million d'euros.
Ce projet de retenue d'eau, a été construit illégalement par des agriculteurs du département, après que la préfecture soit revenue sur l'autorisation de chantier, fin 2018.
Quatre jours après la publication de l'arrêté préfectoral, une remise en état est exigée. Le lac est presque achevé et commence à se remplir.
Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d'Agriculture et Patrick Franken, à la tête de la Coordination Rurale 47, ont convié la presse à les écouter dans leurs locaux. Et le message est clair : la ligne ne change pas.
"L'arrêté de Madame le préfet est humiliant. C'est de l'acharnement, et c'est méprisant. On la lu et on l'a relu. On a compris qu'on allait nous consigner un million d'euros.
"Nous serons là au pied du lac pour le défendre, ce territoire a été sacralisé", a déclaré Serge Bousquet-Cassagne. "Ce lac est une ZAL, une zone agricole libre, en référence aux ZAD (zones agricoles à défendre), et nous défendrons notre ZAL."
"Nous allons licencier quinze salariés"
"Moi, sans ce million d'euros, je ne sais pas comment fonctionner. Donc en tant que bon père de famille, je vais faire ce que je dois faire. Dès que ce million sera consigné par l'Etat, nous allons nous mettre en branle pour licencier les quinze derniers salariés entrés à la chambre d'Agriculture."La chambre d'Agriculture dispose d'un budget total de 6,5 millions d'euros et emploie 72 salariés. "Les quinze salariés avec les charges représentent à peu près la moitié de la somme demandée.Ça ne nous empêchera pas si nécessaire de faire une deuxième charrette. Mais on n'en est pas là."
Aucune remise en état
"Aucun agriculteur, qui a construit bénévolement ce lac pour le territoire, ne laissera qui que ce soit déconstruire ce qui a été fait", a annoncé Patrick Franken, qui a précisé que le lac était quasiment terminé, à trois jours de travaux près."Techniquement, je ne vois pas comment ça serait possible, et environnementalement, ce serait encore... Ce serait contre-productif", s'est repris le président de la Coordination rurale.
" Certains et notamment les jeunes agriculteurs qui ont besoin de ce lac sont prêts à en découdre. Si l'État veut passer en force, nous serons là pour nous y opposer."On ne laissera approcher personne ayant la volonté de démolir ce qui a été fait.
"Celui qui viendra sur le terrain se fera recevoir", a renchéri Serge Bousquet Cassagne.
"A partir du moment où les travaux ont commencé, la vie s'adapte"
Patrick Franken a "également balayé d'un revers de la main les critiques émises par les associations de protection de l'environnement, comme la Sepanso ou France nature environnement (FNE). "Du grand n'importe quoi! (…) Au contraire, lorsque le lac sera plein d'eau, la vie va s'installer et sera encore plus diverse qu'avant ".
Patrick Franken a toutefois assuré que les agriculteurs étaient "toujours ouverts à la discussion pour trouver un compromis" avec l'Etat.
► Voir le reportage de Jael Galichet et de Benoît-Pierre Morin :