La coopérative des vins de Buzet expérimente un vignoble résistant aux fortes chaleurs. Seule façon de subsister face à la hausse annoncée des températures. La solution ne semble pas si compliquée...
L'expérience est menée sur un terrain de 17 hectares situé sur la commune de Buzet-sur-Baïze, entre Agen et Marmande.
41 500 pieds de vignes y ont été plantés. Cabernet-sauvignon, malbec, merlot, vidoc, artaban... des cépages classiques comme des cépages résistants. L'idée est de voir comment chacun évoluera dans cet environnement qui se veut "climato-résistant".
1 ha de végétal pour 3 ha de vignes
Aux côtés des vignes, des haies, des arbres, 1500 au total, et des zones humides.
Les arbres au milieu des vignes créent un microclimat qui va venir tamponner les effets du réchauffement climatique et limiter la vapo transpiration. La plante va donc garder ses ressources en eau
explique Alexis Hubert, le responsable de la parcelle expérimentale.
Un tiers de la surface est consacrée à cette diversification de l'écosystème. "Ca permet aussi de complexifier le milieu, d'amener de la biodiversité" ajoute le viticulteur. Un moyen naturel d'enrichir les sols et de lutter contre certaines maladies.
D'ailleurs ces vignes tests, cultivées sans irrigation, poussent aussi sans produits chimiques ni engrais.
"On a aussi creusé deux noues, ce sont des fossés très évasés de plusieurs niveaux qui retiennent en continu environ 1 cm d'eau et permettent de faire pousser des espèces aquatiques" précise Alexis Hubert.
C'est ainsi que roseaux, batraciens, salamandres etc... viennent encore complexifier le milieu et apporter de la fraîcheur au vignoble.
Transformer les habitudes, seule façon de subsister
"Il faut chercher toutes les solutions durables et locales qui nous permettront de nous adapter au réchauffement climatique"
approuve le climatologue lot-et-garonnais Jean-François Berthoumieu.
"On n'a pas le choix si on veut maintenir nos cultures et continuer à exister. C'est ce que font les vignerons de Buzet avec leur parcelle expérimentale. Les haies ralentissement l'écoulement des eaux de pluie, les noues permettent de la garder pour qu'elle puisse s'infiltrer dans les sols et remplir les nappes au lieu de ruisseler".
Des dispositifs loin d'être nouveaux. Arbres, haies et zones humides bordaient chaque parcelle cultivées au début du siècle passé. Il s'agit d'un retour au bon sens.
Les premières vendanges de ces vignes test sont prévues en 2022.
L'expérience devrait permettre aux agriculteurs de changer durablement leurs habitudes. Et de contribuer à faire baisser les températures. "On sait qu'à travers ce système on peut faire baisser de 4° l'amplitude thermique d'une journée et localement avoir 8 à 10° de moins que sur les endroits minéralisés" assure Jean-François Berthoumieu.
Regardez le reportage de Victor Gascouat et José Souza :