"On avait des problèmes avec la clientèle" Comment les punaises diaboliques ont gâché la vie d'un restaurateur

Il en a trouvé dans les parasols, les assiettes... Cet automne, un restaurateur du Lot-et-Garonne a été confronté à la prolifération des punaises diaboliques. Venus d'Asie, l'insecte ne pique pas, n'est pas dangereux, mais ravage de nombreuses cultures dans le département.

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Article initialement publié le 12 octobre 2023

C'est devenu l'objet de ses tourments. Vincent Varlet, restaurateur de Lamontjoie a été confronté tout le mois d'octobre à une colonie d'insectes à la carapace brune : des punaises diaboliques. Ce n'est pas lui qui les a baptisées ainsi, même si elles lui ont fait connaître un enfer.

Pour Vincent Varlet, la punaise infernale a eu raison des déjeuners en terrasse en ce début d'automne. Il raconte " des problèmes avec la clientèle" et décrit "des punaises qui se mettaient dans les verres, les assiettes... C'est dommage parce qu'on avait un très beau mois d'octobre !"

Elles se plaisent en Lot-et-Garonne

La punaise diabolique a été vue en Europe pour les premières fois en 2010 et en France depuis 2012 en Alsace. En Agenais, sa présence n'a été remarquée que depuis 2018 et l'insecte a peu à peu colonisé le département, jusqu'à devenir très envahissante. Dans la vallée de la Garonne, elle a commencé à s'attaquer aux vergers, aux noisettes, pommes et kiwis notamment.

Pour ceux qui ne sont pas au jardin l'été, on la découvre surtout à l'automne, au cours du mois d'octobre car elle cherche à s'abriter dans les maisons pour hiverner. Cette année, les fortes chaleurs qui durent lui offrent un environnement très favorable, au grand désespoir des habitants et des professionnels.

Comment s'en débarrasser ?

" Ce n'est absolument pas dangereux, sourit Benoit Humeau en préparant son matériel. Il est technicien désinsectiseur chez DKM experts et, en ce moment, une intervention sur deux concerne la punaise diabolique. " Ça pullule, mais ça ne pique pas. Souvent les gens font l'amalgame entre punaises diaboliques et punaises de lit". Mais il comprend que voir tous ces insectes, c'est synonyme de saleté et souvent "quand les gens les écrasent pour s'en débarrasser plutôt que de les aspirer et ça dégage une odeur pas très agréable. C'est répugnant".

Il agit alors essentiellement aux abords directs de la maison concernée en pulvérisant un produit bio sur les zones infestées et surtout les menuiseries, avant-toits, les endroits par lesquels elles sont susceptibles de passer pour s'introduire dans la maison.

Pas dangereuse pour l'homme

On lui a donné le nom de punaise diabolique ou punaise marbrée mais elle porte le nom latin de "Halyomorpha halys". C'est un insecte originaire d'Asie de l'Est qui a migré en Amérique et en Europe, où elle est considérée comme un ravageur des cultures. Elle est colorée de différentes taches de brun, mesure près de 17 mm et possède, comme les autres punaises, un fameux bouclier aussi large que long.

Elle n'est " pas dangereuse pour l'homme, ni vectrice de maladies" confirme Pierre Ducamp, entomologiste spécialiste de la punaise et membre de l'association Zicrona. 

Ravageuse dans les vergers

En revanche, " elle fait de gros dégâts dans les vergers" assure Pierre Ducamp. Et cette année, on la trouve en surnombre. Le problème, c'est que " quand un insecte est bien installé, il est difficile de s'en débarrasser !" Évidemment, on pense au moustique-tigre qui fait aujourd'hui partie intégrante de nos soirées d'été, alors qu'on ne le connaissait pas vraiment il y a dix ans. La punaise diabolique, elle, prolifère aussi parce qu'elle a peu de prédateurs et qu'avec la disparition des haies ou de certains végétaux, il y a moins d'oiseaux, selon le spécialiste.

Mange-tout, la punaise diabolique s'attaque aux fruitiers comme aux plantes herbacées. C'est un insecte qui pique les tissus végétaux pour en extraire les fluides, causant des dommages aux fruits.

Une présence préoccupante

Chez Tanguy Behaghel, éleveur de bovins et céréalier, elles se sont attaquées aux graines de soja. " C'est la première année que le grain est aussi minable !" Si les graines de soja n'ont pas pu se développer correctement, c'est du fait des punaises qui les ont piquées. On estime que la production sera moitié moindre que celle de l'an dernier, même si les graines garderaient les mêmes qualités nutritives. 

Sa présence envahissante depuis quelques années est suivie de près, car elle pourrait devenir préoccupante dans un département agricole tel que le Lot-et-Garonne. L'ANSES lui a consacré en 2014 une analyse de risques, montrant que cette espèce peut significativement nuire à l'arboriculture, à la viticulture, au maraîchage et à d'autres cultures.  L'INRAE a lancé un appel à vigilance citoyenne via une application dénommée "AGIIR" (vous pouvez effectuer  un signalement de la punaise diabolique).

Avec la baisse des températures, ces petites bêtes entrent en phase d'hibernation et se font plus discrètes... jusqu'au printemps, sans doute.

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