La loi Chassaigne est rentrée en vigueur le 1er novembre. Le montant des retraites agricoles passe ainsi de 75% à 85% du Smic.
« C’est indécent ! », rage Jean-Claude Broit agriculteur à la retraite vivant à Casseneuil. Avec sa femme ils comptent chaque dépense dans un petit calepin. Un budget géré au plus serré compte tenu du montant de sa pension de retraite. « 850 euros », dit-il, « on devrait au moins avoir une retraite au Smic". Sa pension va être relevée à 85% du Smic ce mois-ci soit un peu plus de 1000 euros. « Si cela tombe tous les mois et qu’on reporte sur l’année ça fait quand même un petit pécule", relativise le lot-et-garonnais.
La revalorisation des retraites agricoles à hauteur de 85% du SMIC est une avancée. Elle permettra de faciliter la transmission et le renouvellement des générations ! Allons plus loin en agissant sur la retraite des conjoints collaborateur?https://t.co/png8WDSmDh
— Jeunes Agriculteurs (@JeunesAgri) November 2, 2021
Conditions d’attribution
Pour bénéficier de cette revalorisation il faut remplir certains critères détaillés par le ministère. Les voici:
- être un chef d'exploitation ou d'entreprise agricole ayant mis en valeur à titre exclusif ou principal, une exploitation ;
- justifier d'une carrière complète d'assurance au régime des non-salariés agricoles soit 32,5 ans pour les assurés partis en retraite avant le 1er janvier 1997 ;
- justifier du droit à une pension à taux plein à la date d'effet de leur pension de retraite de base pour les assurés partis en retraite après le 1er janvier 1997 ;
- faire valoir l'ensemble des droits de base et complémentaires auprès de tous les régimes de retraite affiliés.
"En dessous du seuil de pauvreté"
A Galapian, Guy Soulage continue de militer. Il est le vice-président de l'Association des retraités agricoles français et se bat depuis de nombreuses années pour plus de reconnaissance envers les agriculteurs. Il dénonce par exemple le fait que certains agriculteurs ayant eu d’autres emplois ne pourront plus cumuler totalement deux pensions. C’est son cas. Sa pension serait ainsi plafonnée. « Je serai bloqué à 1035 euros si j’y arrive », dit-il. "C’est en dessous du seuil de pauvreté". Celui-ci est en effet fixé à 1063 euros par mois.
"Et je me demande qu’est-ce qu’on a fait dans notre existence pour aujourd’hui falloir encore se sacrifier et supporter un régime qui ne prend même pas en compte le seuil de pauvreté ».
Femme d’agriculteur et aidant familial
En France 227 000 personnes sont concernés par cette revalorisation. Leurs conjoints, eux, sont toujours en dehors des radars, aucune avancée. Denise, la femme de Jean-Claude Broit, touche 687 euros par mois. « On se prive, bien sûr qu’on se prive », se désole-t-elle.
« On se prive de sorties, de nourritures chères. Si on pouvait vivre un peu plus à l’aise on serait beaucoup plus heureux c’est sûr ».
Mais les lignes pourraient bientôt bouger, un peu. La proposition de loi Chassaigne visant à rehausser les niveaux de pensions des conjoints collaborateurs (notamment les femmes) et aidants familiaux (frères, sœurs et enfants) des exploitants agricoles a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale le 17 juin 2021. Elle prévoit une revalorisation de leur pension de retraite de 100 € en moyenne par mois.