Les violences urbaines ont gagné le Lot-et-Garonne. Plusieurs dizaines d'individus ont commis des pillages et des destructions dans la nuit du 30 juin au 1ᵉʳ juillet, dans les quartiers de Montanou, de Rodrigues, et à Tapie, à Agen. Aucun blessé à déplorer.
Ce matin, le calme est revenu dans les rues. Les services de la ville procèdent au nettoyage, mais s'attendent à un nouvel épisode de violences. Dans la nuit de vendredi 30 juin à samedi 1er juillet, Agen a connu sa première nuit de violences urbaines dans deux quartiers classés en zone prioritaires, Montanou et Rodrigues, selon le maire Jean Dionis du Séjour joint au téléphone.
Salon de coiffure incendié
Au lendemain d'une nuit de violences urbaines, les habitants du quartier Rodrigues se sont réveillés dans l'incompréhension et l'amertume. "J'ai jamais vu ça en dix ans, tout se passait bien jusqu'ici". Delphine V., 33 ans, a ouvert un salon de coiffure dans le quartier il y a près de dix ans. "Cette nuit vers une heure et demie du matin, des clientes m'ont appelée pour me prévenir que le salon était en feu. Ce matin, j'ai tout perdu, le salon est entièrement détruit. Des élus sont venus me voir tout à l'heure, ils vont m'aider à retrouver un local. Là, je pars au commissariat pour porter plainte contre X", raconte la jeune femme dépitée.
Les incendiaires sont de jeunes adolescents, peut-être de l'âge de lycéens, qui habitent le quartier que je vois d'habitude. Ils ont lancé un conteneur de poubelle dans le salon et ils ont mis le feu. La police municipale pense que ça va repartir encore ce soir.
Dephine V., commerçante sinistrée à AgenFrance 3 Aquitaine rédaction Web
En début d'après-midi, les commerçants, les élus et la police étaient réunis pour décider de la fermeture des établissements, en prévention d'un nouvel épisode de violences.
Incendies et pillage
Plusieurs groupes distincts ont détruit des abris de bus, pillé un supermarché, incendié des véhicules et dégradé du mobilier urbain sur leur passage.
"Deux groupes d'une trentaine de personnes qui ont donc brûlé du mobilier urbain, des voitures et qui ont dans un quartier incendié un salon de coiffure et pillé un supermarché dans l'autre. Ça s'est passé entre 23 h et 3 h du matin. " relate le maire de la ville, Jean Dionis du Séjour
Il y a une colère après ce qu'il s'est passé en début de semaine avec la mort de Nahel. C'est un drame juste atroce. Et, en France, personne ne doit mourir pour un refus d'obtempérer.
Jean Dionis du Séjour - maire d'AgenFrance 3 rédaction Web Aquitaine
"Je comprends que ça touche les gens, et notamment les jeunes de ces quartiers. Il faut rappeler de manière pédagogique, et par tous les canaux que l'on peut avoir avec ces jeunes, et ce n'est pas facile d'en avoir, la France est un État de droit, c'est à la justice d'instruire les faits."
Pour le moment, la justice, elle a posé des gestes d'autorité importants parce que le responsable de cette mort, il est aujourd'hui en prison et mis en examen pour homicide volontaire.
Jean Dionis du Séjour - maire d'Agen
"Il faut le dire parce que les jeunes ne le savent pas." insiste le maire. "Il faut une pédagogie par rapport à une réaction de rage et de colère. Il y a des règles qui doivent être respectées."
Sur place, le maire a constaté que les gens ne savaient pas que le policier avait été mis en examen.
Pas de surprise
Alors pourquoi Agen, restée calme jusqu'à vendredi soir, alors que les violences étaient déjà présentes dans plusieurs grandes ou moyennes villes en France ? Le maire y voit un phénomène national, et n'est pas surpris par cette contagion des violences urbaines.
"Quand j'ai vu ce qui se passait à Montargis, je me faisais peu d'illusion sur le caractère mimétique de cette affaire, c'est une caractéristique des phénomènes sociaux de notre époque. Ils sont instantanés."
Les images de vidéo surveillance des lieux pillés apportent quelques indices. D'après le maire, il y avait des jeunes dans ces groupes, mais pas que. "Il y a un mélange de très jeunes et d'adultes, il faut faire attention à une version disant qu'il n'y aurait que des très jeunes, ce n'est pas le cas". Mais, les casseurs sont cagoulés sur les images, l'identification sera donc compliquée.
"Ce sont des violences insupportables et imbéciles. C'est leurs voitures qui brûlent, des femmes et des hommes de ces quartiers, leurs commerces qui brûlent. Il y a beaucoup de colère de la part des Agenaises et des Agenais."
Alors que faire ? Dans l'immédiat, le maire compte sur l'organisation du maintien de l'ordre qui est la compétence de l'État pour éviter de nouvelles dégradations et tensions.