Désert médical en Lot-et-Garonne : "on reçoit une cinquantaine d'appels par jour de personnes sans médecin traitant"

Malgré la proximité des villes moyennes d'Agen, Marmande et Villeneuve-sur-Lot, le département semble de moins en moins attractif pour les professionnels de santé. Les communes de Sainte-Bazeille et de Layrac ont cherché des solutions.

Le nouveau "Centre de santé du Bassin Marmandais" vient d'ouvrir à Sainte-Bazeille, près de Marmande. Depuis le 24 octobre, deux médecins accueillent déjà leurs nouveaux patients. Deux autres devraient arriver prochainement.

Un véritable événement pour la commune, après un parcours semé d'embuches pendant trois ans. Car aujourd'hui, il est très difficile d'attirer des praticiens dans ces secteurs à moins de regrouper des professionnels et de proposer d'autres statut. Comme ici le salariat.

Des médecins salariés à 4 000 euros net

Chacun dispose d'un salaire de 4000 euros net pour 35 heures sans compter les heures supplémentaires et les gardes. Mais ils n'auront pas à se préoccuper des charges administratives. Les trois médecins seront assistés d'une secrétaire à plein temps qui s'en occupera.
Christine Voinot, la présidente l’association gestionnaire du centre de santé du Bassin Marmandais, explique que c'est en partie ce qui contribue à décider les médecins. "Cela leur permet de faire de la médecine sans se préoccuper de tout ce qui est compliqué. C'est nous qui gérons".

Le Dr Christo Karayotov, médecin généraliste au nouveau centre de Sainte Bazeille explique, dans un sourire, qu'ici le besoin est réel même si les pathologies ne sont souvent pas trop lourdes :" ils ont besoin de quelqu'un qui s'occupe d'eux (...) Ici, la médecine générale fait un peu le travail de curé : les gens ont besoin de parler"...

Regardez le reportage d'Ingrid Gallou et José Sousa.

Un besoin criant

Il faut dire que le département du Lot-et-Garonne vient de rejoindre la liste des départements en grande souffrance. Les médecins sont rares dans les campagnes et les  délais d'attente pour les consultations s'allongent.

Pour un malade venu chercher de l'aide pour une rage de dent, il faudra attendre en moyenne 28 jours pour un rendez-vous chez le dentiste. Pour beaucoup d'autres patients, nouveaux arrivants ou dont le médecin est parti à la retraite, il s'agit simplement de pouvoir trouver un médecin traitant.
Comme le confirme la secrétaire médicale, Christine Lecoq, "on a une cinquantaine d'appels par jour pour des familles entières, pour des personnes qui n'ont plus du tout de médecin traitant".

La béquille de la téléconsultation

A Layrac également on a bien essayé de créer une dynamique. Malgré la proximité immédiate d’Agen, la commune se débat depuis deux ans pour trouver deux médecins.

Et, si le cabinet est bientôt prêt, un seul bureau sera occupé, pour le moment... Même s'il y aura tout de même la possibilité d'une téléconsultation.