Le bras de fer continue autour lac de Caussade en Lot-et-Garonne. Jeudi 14 février, le ministre de l'environnement François de Rugy a reçu les pros et les anti à Paris au ministère. Peine perdue, sur place, malgré l'interdiction, les travaux continuent.
Dès ce matin, les tracteurs et pelleteuses ont repris leur balai sur la retenue d'eau, comme si rien ne s'était passé. Leur visite chez le ministre hier jeudi 14 février n'y a rien fait.
Pourtant, François de Rugy, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a rappelé aux agriculteurs la non conformité à la réglementation relative aux espèces protégées au schéma d’aménagement et de gestion de l’eau et aux directives européennes visant le bon état des masses d’eau.
Il a bien sûr dénoncer le passage en force, des travaux illégaux visant à créer une retenue d’eau sur le ruisseau de Caussade. Dans un communiqué, le ministère rapporte :
Les porteurs du projet sont des agriculteurs avec à leur tête la Coordination rurale du lot-et-Garonne. Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d'agriculture, était face au ministre :Il a regretté, condamné et qualifié d’inacceptable la méthode du coup de force et du fait accompli employée par ceux qui ont lancé les travaux de la retenue en toute illégalité. Il a également indiqué que cela revenait à envoyer un signal particulièrement négatif aux pouvoirs publics dans un moment où ils travaillent pourtant à apporter aux agriculteurs des solutions équilibrées pour le stockage de l’eau
Il pouvait faire que ça. Effectivement, on a fait un passage en force ou alors on s'est mis à travailler dans le bon sens, on peut le dire comme ça aussi.
La contrainte par l'astreinte financière
Il a également reçu les opposants, les associations de défense de l’environnement opposées. Philippe Barbedienne, directeur de l'association environnemental " Sepanso Aquitaine ".
" Je ne suis pas sûr que les recommandations ministérielles puissent changer quelque chose à la détermination des gens qui construisent le barrage, et qui sont persuadés que rien ne leur résiste, qu'ils peuvent tout passer par la force. Ce qui marchera, ce sont les jugments des tribunaux et ça peut être aussi les astreintes financières. "Il ne peut pas y avoir une régularisation légale ce n'est pas possible !
Effectivement, François de Rugy a rappelé que l’Etat n’a pas le pouvoir légal d’interrompre des travaux bien qu’illégaux sur un terrain privé en l’absence d’une décision de justice.
Pour ne pas fermer la porte à la conciliation, le ministre a par ailleurs annoncé qu'il commanderait une mission d’inspection conjointe au Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et au Ministère de la Transition écologique et solidaire sur la construction d’une solution alternative à ce projet, inscrite dans une démarche de territoire, et susceptible de satisfaire les besoins en eau des activités agricoles locales tout en étant respectueuse de l’environnement.
La bataille de l'eau va s'accentuer
La bataille de l'eau va faire rage dans les années à venir. Serge Bousquet-Cassagne, représentant des agriculteurs, a déjà annoncé qu'il lancerait d'autres constructions de retenues d'eau dans le département pour répondre au besoin.
Le ministre, lui, redit l’enjeu majeur pour tout le monde. Enjeu qui porte sur la question de la sécurité d’approvisionnement en eau d’abord, et avant tout pour l’eau potable, mais aussi pour les autres besoins dans un contexte de sécheresses plus fortes et plus fréquentes dues au dérèglement climatique.
Le chantier continue donc, réalisé par des agriculteurs qui ont loué du matériel de chantier. Et ce malgré l'annulation des travaux décrétée en octobre. Ils avaient débutés en juin 2018.
La bataille continuera le 14 mars devant le tribunal administratif.
D'ici là, le lac sera probablement terminé. Les agriculteurs attendront qu'il se remplisse pour qu'ils puissent irriguer dès cet été.
Pour rappel, voici les actions entreprises par le ministère depuis plusieurs semaines aux côtés des services déconcentrés et de la justice pour faire cesser les travaux :
► Le préfet de Région a saisi le parquet d’Agen le 26 novembre dernier en s’appuyant sur l’Article 40 du Code des procédures pénales.► Il a engagé et transmis au parquet d’Agen plusieurs procédures administratives de sanctions prévues au Code de l’Environnement.
► Il a ordonné la pose de scellés sur le chantier le 17 janvier dernier par un arrêté qui y a été affiché.