Lot-et-Garonne : le cantonnier lègue un million à sa commune

L'histoire est touchante. Celle de ce monsieur de 94 ans, Didier Couèque, qui décède sans descendance. Le "cantonnier boursicoteur" avait fait de la commune d'à peine plus d'un millier d'habitants, Sérignac-sur-Garonne, son légataire universel. Ses souhaits testamentaires seront respectés.
 

Dans la commune, tout le monde le savait. Du moins, ceux qui sont venus aux voeux de Monsieur le maire, Jean Breuil, qui a donné l'information et fait applaudir le généreux donateur. Mais c'est en fait lors du dernier conseil municipal et avec le rapport de la cour des comptes, le 13 octobre dernier, que la nouvelle s'est répandue.

Si le conseil municipal, puis les Sérignacais ont été mis au courant début 2020, le maire n'a pas cherché à faire de la publicité, notamment parce que "c'était avant les élections". Cette semaine, il raconte l'histoire qui date pourtant de quelques mois mais qui a changé, pour quelques années du moins, le destin budgétaire de cette petite commune.

Millionaire

1 million 170 000 euros... C'est le montant dont la commune a hérité en janvier 2020. Une énorme surprise. Car si M. Couèque avait évoqué son désir de donation (il avait été reçu par le conseil municipal), personne n'aurait pu se doûter du montant à six zéros.

En septembre 2019, soit cinq mois après le décès du bienfaiteur, le notaire appelle le maire de Sérignac pour lui confier la bonne nouvelle. C'est ainsi que Jean Breuil et sa secrétaire de mairie, assistés d'une commissaire priseur, récupèrent une clef de coffre dans son appartement et se retrouvent au Crédit agricole de Nérac devant une boîte en fer "à peine plus grosse qu'une boîte de sucre". 

A l'intérieur, "trois lingots d'or et 170 Napoléon", évalués entre 140 et 170 000 euros. Un joli trésor digne d'une histoire pour enfants mais ce n'est pas tout : ses économies et placements avoisinent le million d'euros. Sérignac est une commune millionnaire! 

Cantonnier boursicoteur

Didier Couèque est décédé à l’âge de 94 ans, début avril 2019, dans son petit appartement de la MARPA, "la Résidence du clocher" après un séjour à l'hôpital. C'est là qu'il avait élu domicile, il y a une vingtaine d'années, et là qu'il disait vouloir finir ses jours.
"C'était un original qui aimait la poésie. Il était un peu dur parfois. Il râlait et se disait parfois "l'incompris de la MARPA"... Un vieux garçon" qui était aussi "un bon papy à vélo", "au moins jusqu'à ses 90 ans", selon le maire. Comme certains parlent du temps, il se plaignait parfois de la bourse, de ses mauvais jours... et on comprend pourquoi.
"Il n'avait ni femme, ni enfants. C'est pour ça qu'il s'était installé à la MARPA" où il semblait se plaire. "On était un peu sa famille" raconte l'édile qui ajoute que son adjointe, Maryse Bareille, s'en est occupé quand il a dû être hospitalisé "car la résidence n'est pas médicalisée". Mais "avec l'aide de l'hôpital, il a pu rentrer chez lui". C'est ce qui a pu se passer, déjà, pour d'autres pensionnaires de la résidence.

De par son milieu et sans doute aussi sa génération, l'homme était économe. Cantonnier de profession dans un village voisin, il avait hérité de ses parents agriculteurs. Mais "il ne dépensait pratiquement rien" et se contentait parfois le soir d'une salade de pissenlits ramassés lors de ses promenades.

Un héritage et des conditions

Pour cette petite commune de grande couronne d'Agen (à 12 kilomètres de là), bien-sûr, cet argent fera beaucoup de bien. "Imaginez une commune qui a habituellement 300 000 euros de trésorerie pour un budget de 700 000 euros... " Cet héritage, on le comprend en écoutant Jean Breuil, c'est aussi de la reconnaissance envers ceux qui ont pris soin de lui durant ses derniers jours. C'est ce qui touche l'équipe municipale et les sept agents de la résidence.

Et le bienfaiteur aura su être prévoyant jusqu'au bout. Car il émet dans son testament des conditions : la commune devra construire trois maisons et les destiner à la location. Ensuite, le reste devra être utilisé en priorité pour la MARPA et la commune.
Ainsi, la municipalité a déjà bien avancé dans ces projets, en faisant l'acquisition de deux terrains qui seront le début d'un lotissement où les trois premières maisons seront consacrées à cette mission en mémoire de M. Couèque. "Trois maisons avec au moins deux chambres : un architecte est en train de plancher dessus". Concernant la MARPA, le prêt contracté il y a 25 ans a pu être remboursé par anticipation. 

Bien qu'il ne s'agisse pas de dépenser à tout va, la commune a d'autres projet : d'abord la cantine scolaire, puis un club-house pour le club de basket et un espace de coworking.
Avec cet héritage, et plus tard le revenu des locations, Sérignac-sur Garonne peut désormais voir venir sans trop s'inquiéter des variations des dotations de l'Etat. Grâce à un bienfaiteur bougon et poète qui aura su remercier les siens au centuple.
 
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