Dans le Lot-et-Garonne, les digues qui permettent de lutter contre les inondations sont de plus en plus fragiles. Dans l'impossibilité de payer les coûts d'entretiens faramineux, certaines communes les laissent se dégrader.
En février 2021, le Lot-et-Garonne est sous les eaux. Le fleuve déborde sur 60 km de long. En une semaine à peine, le lit de la Garonne est passé de 130 mètres à 6 km de large. Mais à Couthures-sur-Garonne, le pire a été évité grâce à une digue érigée à la fin du XIXème siècle.
"L'eau qui arrive de l'amont, c'était une crue moyenne aux environs de 6.500 m³ par seconde et il faut imaginer que l'eau était à 50 centimètres du sommet de la digue ", se souvient le maire, Jean-Michel Moreau.
La population est sauve, les habitations aussi, grâce aux 90 km de digue qui ceinturent l'agglomération Val-de-Garonne. Mais celles-ci ont souffert : 700 mètres cumulés de crevasses et des dégâts qui se chiffrent en millions.
18 millions d'euros pour rénover les digues
Des sommes inédites pour la petite communauté de communes Val-de-Garonne, composée de 60 000 habitants. Aujourd'hui, elle est seule à supporter 60% des coûts d'entretien faramineux, avec un Etat toujours plus exigeant sur la qualité réglementaire des digues, comme l'explique Florent Craipeau, chef de service à la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI) de Val-de-Garonne agglomération : "C'est devenu très compliqué. Maintenant, ils nous disent que si la digue n'est pas construite de cette manière, au niveau réglementaire, on considère qu'elle n'a pas la solidité suffisante pour tenir la crue."
Inquiet, le président de l'agglomération, Jacques Bilirit, tire la sonnette d'alarme. "Nous avons à engager des travaux pour un montant supérieur à 18 millions d'euros hors taxes. Nous n'avons aucun modèle viable aujourd'hui en termes de financement. Notre territoire devrait couvrir les dégâts provoqués par toute l'eau que l'on reçoit des autres. Ce n'est pas possible, on n'y arrivera pas. C'est incohérent et injuste pour notre territoire."
La taxe GEMAPI remise en question
Actuellement, la taxe GEMAPI, dédiée à la prévention des inondations, pèse uniquement sur les habitants de ces petites communes inondables. Pour Hervé Gillé, sénateur de la Gironde et rapporteur de la commission sénatoriale sur l'eau, la loi doit être corrigée : "Il faut relever les taux d'intervention de l'Etat pour les amener, non pas à 40% maximum, mais au moins à 60%, de telle manière à avoir une couverture des frais qui soit vraiment satisfaisante."
En attendant, la question reste de savoir si ces digues très coûteuses peuvent être conservées ou non. Dans le département voisin, la communauté de Sud Gironde a tranché et voté à bulletin secret : une partie de leurs digues ne seront désormais plus entretenues.