Après un été 2022 passé sous le coup des interdictions d'arrosage, les particuliers s'organisent pour investir dans des récupérateurs d'eau de pluie, et certaines communes les accompagnent dans leurs démarches, comme Beaumont-Saint-Cyr, dans la Vienne. La demande est croissante et dans les jardineries et les magasins de bricolage, ces cuves sont très prisées.
La livraison était attendue. Pour la première fois, la commune de Beaumont-Saint-Cyr a passé une commande de récupérateurs d'eau de pluie pour ses administrés. L'idée est partie de la sécheresse de l'été 2022, et des nombreux arrêtés sur l'usage de l'eau, et a permis aux habitants de la commune d'acheter en groupe 104 cuves de 1 000 litres.
Eric Marie a acheté trois cuves grâce à cette commande, et il a fait des économies : "114 euros la cuve", se félicite-t-il, "c'est pas loin de 130 euros en magasin, 130 euros, voire 160 dans certains magasins, c'est là l'avantage." En moyenne, l'économie est d'environ 50 euros grâce à ces achats collectifs.
À l'origine de cette démarche, Stéphane Cintract, conseiller municipal en charge de la vie locale, essaie de faire évoluer les pratiques : "Les gens vont tirer de l'eau potable pour arroser leur jardin", se désole-t-il, "la nature fait bien les choses, elle nous donne de l'eau, donc autant la récupérer au lieu de pomper dans les nappes phréatiques." Fier d'avoir convaincu près d'une centaine d'habitants, il aimerait désormais voir les choses changer dans les réglementations des municipalités : "Pour moi, c'est l'avenir, j'espère que maintenant dans les PLU (plans locaux d'urbanisme) on sera obligé d'installer des récupérateurs d'eau."
Certaines communautés de communes, comme Niort Agglo, s'engagent pour soutenir l'achat de récupérateurs d'eau. Cette dernière subventionne jusqu'à 80 % du prix hors taxe, dans la limite de 150 euros, pour des cuves d'au moins 300 litres.
Une demande en forte hausse
Les particuliers craignent une nouvelle sécheresse, et ont de plus en plus de mal à trouver ces fameuses cuves de récupération d'eau de pluie dans le commerce. Beaumon-Saint-Cyr n'est pas la seule commune à se lancer dans ces commandes groupées. À Migné-Auxances, des habitants se sont réunis pour faire eux-mêmes un achat en commun.
Dans une enseigne de bricolage de la Vienne, des marchés devraient être passés avec trois autres communes du département. Pour Benoît Fradeau, son directeur général, la demande a été multipliée par quatre, et les délais d'attente s'étirent, de 15 à 20 jours pour une cuve de moins de 500 litres, et jusqu'à deux mois pour celles de 1 000 litres : "On est victimes de notre succès", avoue-t-il, "d'habitude, on vend deux camions de cuves, là, on va être à 6 ou 7 camions cette année, donc il y a vraiment un engouement pour les récupérateurs d'eau."
Une économie d'eau non négligeable
Alors que les économies d'eau sont dans toutes les têtes, ou presque, le récupérateur d'eau de pluie apparaît comme une solution écologique, qui peut faire la différence sur la facture.
D'après l'INSEE, un foyer français de 2,5 personnes en moyenne consomme 329 litres d’eau par jour soit, ce qui représente environ 120 mètres cubes chaque année. 7 % de cette consommation est allouée à la consommation alimentaire, et 6 % au jardin et à la voiture. Ce dernier poste de dépense peut aisément être réalisé avec de l'eau de pluie.
Un réservoir peut contenir 200 à 5 000 litres d'eau, sachant qu'à l'année, il est possible de récupérer jusqu'à 600 litres d'eau de pluie par mètre carré de toit.