Dans le Lot-et Garonne, la récolte 2018 est maigre, après deux années fastes. Elle devrait permettre de rééquilibrer un marché du pruneau en crise. La demande est en baisse. Le Chili livre une concurrence féroce.
A Lévignac-de-Guyenne, la récolte des prunes bat son plein. Le récolteur secoue l'arbre et les fruits bien mûrs tombent sur la bâche. C'est la première étape pour fabriquer le pruneau d'Agen.
Les prunes d'Ente seront ensuite lavées, triées à la main puis séchées dans de longs fours.
Cette année, la récolte devrait être divisée de moitié en raison de la météo capricieuse : 25.000 tonnes attendues contre 53.000 t l'an dernier.
Paradoxalement, c'est une bonne nouvelle comme l'explique Dominique, agriculteur mais aussi, président du Bureau interprofessionnel du pruneau (Bip).
Cette faible récolte va permettre de faire baisser les stocks des deux dernières années et de conserver les marchés
Le transformateur Emeric Cadalen, estime que "la crise est là" :
Elle date d'il y a deux ans avec la surproduction et le maintien d'un prix assez fort car on manquait de stock et on a acheté une récolte plus importante que nos circuits pouvaient écouler.
Sa société, basée à Allemans-du-Dropt, transforme 550 tonnes de pruneaux par an mais il lui reste 200 tonnes à écouler de la récolte précédente.
Proche du pain complet
Les fruits séchés sont réhydratés car "les clients les aiment moelleux". Ils sont ensuite conditionnés et expédiés principalement en France. Environ 30% de la production française part à l'export vers l'Espagne, la Belgique et l'Italie et vers les pays en dehors de l'Union européenne, comme l'Algérie.
Aujourd'hui, de plus en plus de Chinois en sont aussi friands. Mais en Allemagne et Scandinavie, le pruneau d'Agen a perdu des marchés. Il est plus cher que le pruneau chilien. Il est aussi victime de la mode des fruits secs exotiques comme les baies de goji.
Véritable or noir du Lot-et-Garonne
Mais le pruneau d'Agen prépare sa contre-attaque. Il entend faire valoir ses atouts auprès des consommateurs
- son calibre plus gros,
- sa traçabilité grâce à son Indication géographique protégée (IGP)
- sa qualité avec un goût plus prononcé.
La filière espère regagner les marchés en soignant sa compétitivité et sa qualité. Des projets sont à l'étude pour moderniser le matériel avec, par exemple, une réduction possible de 40% des coûts de séchage, et l'utilisation d'engrais et pesticides tend vers la baisse à tel point que le pruneau bio a la cote. Et l'offre ne suit pas encore selon Salim Rashidi, directeur du Bureau interprofessionnel du pruneau (Bip) :
Il manquait 800 tonnes lors de la dernière campagne.
Salim Rashidi qui défend les qualités nutritives du pruneau :
C'est un fruit relativement équilibré. Outre son apport en glucides, il apporte beaucoup de fibres et de sorbitol, ce qui fait que malgré cette richesse en sucre, son index glycérique est relativement bas, proche du pain complet.
Ce super fruit pourrait aussi lutter contre l'ostéoporose. De bons résultats ont été obtenus sur les animaux lors de l'essai clinique en cours aux Etats-Unis.
les plus gros producteurs de pruneaux dans le Monde
Le chili : 100.000 tonnes contre 10.000 t il y a 20 ansLes Californiens 80.000 t
Les Français: 40.000 t pour des ventes annuelles de 174 millions d'euros.