La liste officielle de la préfecture est close depuis hier. On connaît désormais tous les candidats à l'élection législative partielle dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne. Un scrutin à risques pour un PS ébranlé par cette affaire, et qui risque de l'affaiblir à l'Assemblée nationale.
La gauche partira en ordre dispersé dans la bataille pour cette législative anticipée, les 16 et 23 juin.
Après des atermoiements, de leurs états-majors, le PS et EELV n'ont pas réussi à présenter une candidature commune. Matthias Fekl, le premier secrétaire fédéral du PS, " regrette profondément qu'il n'y ait pas d'union à gauche dans ce contexte particulier, elle me paraissait importante ".
La gauche divisée
En outre, les militants socialistes, divisés entre les pro et les anti-Cahuzac, ne feront pas tous campagne derrière leur candidat Bernard Barral, un chef d'entreprise à la retraite de 66 ans.
Jérôme Cahuzac " va tout faire pour savonner la planche du candidat officiel du PS " souffle une militante socialiste de longue date, sous couvert d'anonymat. " Il va jouer de son influence pour préparer son éventuel retour sur la scène politique locale, peut-être pour les municipales " de 2014, analyse-t-elle.
Depuis l'aveu d'une fraude fiscale, il y a deux mois, l'ex-ministre du Budget n'est plus que conseiller municipal de Villeneuve-sur-Lot. Il avait crée la surprise sur le marché de Villeneuve le 11 mai, semblant prendre la température de l'électorat. Il a finalement renoncé dimanche à se représenter.
Pour Lionel Feuillas, candidat d'EELV, " le PS veut faire porter le chapeau de la désunion à gauche " au parti écologiste. Mais " c'est Jérôme Cahuzac et le PS, indirectement, qui sont responsables de cette situation ". Et le PS " n'aura qu'à s'en prendre à lui-même " s'il n'atteint pas le deuxième tour. " Il faudra qu'il se pose aussi des questions sur la politique menée par le gouvernement ", lance-t-il.
Le candidat UMP, actuel favori
Du coup, Jean-Louis Costes (UMP), le candidat de la droite et du centre, battu sèchement au second tour par Jérôme Cahuzac en 2012 (38,52% contre 61,48 %), paraît, à ce stade, le favori du scrutin. " J'espère un vote positif pour moi, pour le projet que je porte, et non pas un vote contestataire ", assure-t-il.
Des ténors de sa famille politique, notamment le président de l'UMP Jean-François Copé et l'ancien ministre Xavier Bertrand, devraient venir le soutenir. M. Costes remarque que " cette élection à une valeur symbolique avant les municipales, d'autant que les Villeneuvois votent souvent comme l'ensemble des Français ".
Le Front national rêve d'une dynamique positive
Au Front national aussi, on mise beaucoup sur cette partielle. La présidente du parti, Marine Le Pen, a été la première responsable politique d'envergure nationale à se déplacer à Villeneuve-sur-Lot pour apporter son soutien au candidat Etienne Bousquet-Cassagne. Le 3 juin, ce sera au tour de sa nièce, la députée Marion Maréchal-Le Pen. A 23 ans, le jeune secrétaire départemental du FN représente la nouvelle génération des cadres du parti. Il se montre très confiant : " Il y a beaucoup de candidats, à gauche comme à droite, qui vont grignoter des voix au détriment des candidats du PS et de l'UMP ", estime-t-il. Il souhaite que cette élection permette " une dynamique positive " pour le FN en vue des municipales et des européennes. Il dit avoir " de très bons échos de (ses) visites sur le terrain ". " Mon objectif est clair, je ne veux pas seulement aller au deuxième tour, je veux gagner ", lance-t-il.
Aux côtés des partis établis, la législative de juin a suscité des vocations diverses, comme celle du Rassemblement des contribuables, du " Parti d'en rire ", représenté par une journaliste locale, ou d'un lycéen de 18 ans, sans étiquette.
Le PS pourrait perdre sa majorité absolue
Sur le plan national, la perte de cette circonscription serait une mauvaise affaire pour le PS, dont deux autres députés, représentant les Français de l'étranger, ont vu leur élection invalidée par le Conseil constitutionnel. Avec trois pertes, on risquerait de " se rapprocher du seuil où le PS n'aura plus la majorité absolue et aura besoin de ses alliés " EELV et PRG, soulignait cette semaine un responsable du parti.