Une quarantaine d'électeurs de la région de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont Jérôme Cahuzac a été maire et député, ont rédigé une lettre ouverte à l'ancien ministre du Budget, en lui intimant "d'abandonner son mandat" de député, ajoutant que la perspective contraire les "révolte".
"Monsieur Cahuzac. C'est peu dire que la révélation de vos malversations financières ainsi que vos mensonges répétés à leur propos nous ont indignés. Que vous puissiez envisager, comme la loi vous y autorise, de reprendre vos fonctions de député et prétendre ainsi continuer à être notre représentant parlementaire nous révolte", disent les auteurs de la lettre.
"N'est-ce pas assez d'avoir bafoué l'honneur de votre fonction d'élu et trahi ceux qui vous avaient fait confiance ? Pensez-vous sérieusement pouvoir mépriser les citoyens pendant quatre années encore ? Nous, électeurs de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, exigeons, Monsieur Cahuzac, que vous abandonniez votre mandat".
Le groupe entendait initialement faire signer une pétition localement, mais avec l'échéance proche du 19 avril pour une décision de M. Cahuzac, ils ont choisi de transmettre la brève lettre ouverte à des médias, dont le journal Sud Ouest, qui en révèle la teneur dimanche.
Le collectif s'est formé informellement avec les relations via le réseau internet, puis lors d'une réunion-débat politico-philosophique jeudi à Villeneuve-sur-Lot, d'après Philippe Caumières, professeur de philosophie sympathisant de gauche,
"C'est parti d'un petit coup de colère", en lisant que M. Cahuzac pourrait ne pas renoncer à son mandat, a déclaré M. Caumières, ex-militant du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) de 50 ans, qui se dit aujourd'hui plus proche de la mouvance Front de Gauche. Selon lui,les signataires de la lettre sont à priori des gens de gauche, dont "beaucoup ont sans doute voté pour Cahuzac aux législatives de 2012". "L'idée était de montrer que sur un plan citoyen, à la base, des individus réagissaient aussi, car il y avait un sentiment de passivité de la part des Villeneuvois, en contraste avec une réalité où, comme partout, les gens sont interrogatifs, inquiets, revoltés aussi".