Les chefs d'entreprises doivent réclamer un pass sanitaire à leurs employés travaillant au contact du public. Tous s'adaptent à cette nouvelle obligation espérant ne jamais revivre un confinement ou un couvre-feu. Mais certains se voient mal licencier un salarié sans pass.
A chaque salarié qui commence sa journée, Béatrice Legrand, restauratrice à Périgueux, scanne son pass sanitaire.
"Pour le moment, seuls les employés en salle au contact des clients sont concernés, pas ceux qui travaillent en cuisine mais on n'a rien reçu d'officiel, on a dû se rapprocher des syndicats pour avoir des informations" affirme t-elle.
S'adapter, une obligation pour tenir depuis 18 mois dans la restauration
Comme tous ses collègues restaurateurs, Béatrice s'est résignée à s'adapter et à suivre les consignes. "On vit au jour le jour depuis le début de la crise sanitaire de toutes façons, là encore on va s'adapter, on va gérer au quotidien.
On n'a pas le choix. Si le pass et la vaccination peuvent nous amener vers une sortie de crise pour nous les hôteliers-restaurateurs qui sommes touchés de plein fouet on prend !Mais je peux pas obliger les réfractaires à se faire vacciner, ça reste quelque chose de personnel.
La patronne s'expose à une amende de 1500 euros si elle n'effectue pas les contrôles de son staff. Et devra mettre en congé voire suspendre le contrat de celui ou celle qui ne pourra pas présenter un pass valide.
Une situation impensable pour son collègue restaurateur Bruno Hervouet. "C'est trop facile de dire que c'est au patron de virer ses gars parce qu'ils sont pas vaccinés ou n'ont pas un pass pour venir travailler. On n'est pas là pour ça" dénonce t-il.
Devoir dire à un gars que j'apprécie "reste chez toi parce que t'es pas vacciné" c'est pas possible, mes gars c'est comme ma famille. Si Mr Macron veut le faire qu'il le fasse mais pas moi.
Un manque de main-d'oeuvre encore important
Bruno Hervouet aurait aimé le soutien de la médecine du travail dans ce moment délicat. 80% de ses salariés ont certes déjà reçu une double injection, mais il en reste 20% à contrôler tous les jours.
Une charge qui s'ajoute au problème du recrutement. "Le peu de staff qu'on a, qui fait bien son boulot, comment on peut lui demander de rester chez lui ? on en a besoin !" plaide le chef d'entreprise.
Le manque de personnel a pénalisé bon nombres de structures cet été, certains bars ou restaurants ont même dû fermer une journée par semaine malgré la pleine saison.
"Comment conduire une activité si un salarié est suspendu ?" s'interroge Frédéric Petit, le vice-président de la Confédéraiton des Petites et Moyennes Entreprises de la Gironde, "c'est un vrai problème et nous essayons de l'anticiper à la CGPME en discutant en amont avec les services publics de l'emploi".
Dans les plus grosses sociétés, le problème semble moins aigû.
"Très clairement, les quelques collaborateurs qui ne présenteront pas un pass valide ne pourront pas venir travailler" prévient de son côté Philippe Massol, le directeur général de la Cité du Vin à Bordeaux qui emploie une centaine de personnes. "Ils peuvent prendre des congés ou suspendre leur contrat sans paye. J'espère quand même qu'on n'en arrivera pas jusque là".
La plupart des salariés semblent accepter la situation
Le contrôle du pass est déjà rôdé ici puisqu'il est obligatoire pour les visiteurs depuis le 21 juillet. Les salariés interrogés ce lundi matin 30 août semblaient sereins. "On a été prévenus à l'avance, je n'ai pas forcément d'avis sur la question, je me plie à ce qu'on me demande" nous dit une jeune femme de l'accueil. "On est avec des visiteurs toute la journée, ça me paraît plutôt logique et assez normal finalement" ajoute un de ses collègues.
"Ca a été assez bien compris, on a beaucoup échangé, communiqué" explique Julie Moussié, la responsable des ressources humaines. Beaucoup ont un pass valide, d'autres attendent une deuxième injection, sinon ils peuvent faire un test dans une tente installée à l'entrée du site".
Le gouvernement a promis une tolérance pour la mise en route de ce pass obligatoire visant les salariés en contact avec du public. Mais les contrôles et sanctions sont à craindre dès la semaine prochaine.