Un mois et demi après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, Dimanche en Politique s’intéresse à la préservation du patrimoine religieux en Limousin. Petites églises ou cathédrales sont-elles en bon état ? Qui se doit de les entretenir et avec quels moyens ?
Un mois et demi après le terrible incendie qui a détruit une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Dimanche en Politique ouvre le débat sur la conservation du patrimoine religieux en Limousin.
Pour en débattre, Annaïck Demars reçoit trois invités :
- Nicolas Vedelago, Conservateur des Monuments historiques DRAC Nouvelle Aquitaine (site de Limoges)
- Christian Lassalle, maire de Noailhac en Corrèze (19) et pdt de l'association Noailhac mémoire et patrimoine
- Alain Soularue, délégué général de la Fondation du Patrimoine en Limousin
Réactions à l'incendie de Notre-Dame
« On n’est jamais totalement prémunis à 100% contre le risque incendie, explique Nicolas Vedelago, d’autant que nous aussi, on a un chantier dans la cathédrale de Limoges, donc on a augmenté notre vigilance, évidemment ».
Entre les cathédrales appartenant à l'Etat et les petites églises appartenant aux communes, notre territoire est riche de monuments, des édifices qu'il faut entretenir et rénover, ce qui n'est pas sans poser des problèmes financiers. La cathédrale de Tulle, par exemple, attend de voir son éclairage et son système anti-incendie remis aux normes.
Avec un budget limité (4 millions d’euros sur les 27 alloués pour la région Nouvelle-Aquitaine), Nicolas Vedelago rappelle: « on doit prioriser les opérations en fonction de l’urgence de l’état sanitaire, que ce soit dans nos cathédrales ou nos églises rurales"
L'incendie de Notre-Dame a déclenché de nombreuses annonces de dons -qui peinent toutefois à être récoltés. La fondation du patrimoine est l’un des 4 organismes de collecte officiels. Son délégué en Limousin Alain Soularue rappelle quelques chiffres : pour Notre-Dame, la fondation du patrimoine a récolté 218 millions d’euros au niveau national, dont 24 millions viennent de particuliers (à savoir 228 000 donateurs)
La fondation a officiellement arrêté la collecte car, premier point, nous partons du principe qu’il faut maintenant connaître le montant des travaux et des besoins, et le 2ème point c’est que cette collecte a cannibalisé une partie des dons. La fondation s’intéresse à Notre-Dame mais aussi aux petites églises !
A Noailhac, commune de 386 habitants et 250 000€ de budget, la restauration de l’église a pris plusieurs années et coûté cher : 1,3 millions d’euros TTC (financement pris en charge à 50 % par l’Etat, 20% par le Département, 10% par la Région, 10% par la fondation du partimoine , 8% par la commune et 2% par des mécènes privés. Une réalisation qui a valu à la commune un prix du mécénat populaire, une aventure qui en valait la peine, rappelle le maire Christian Lassalle, non seulement pour le patrimoine, mais aussi pour le tourisme, pour l'Histoire.
Le patrimoine religieux, un trésor à conserver
Alain Soularue confirme que "les limousins sont incontestablement très attachés à leur patrimoine religieux, la notion de clocher a un sens. Mais il faut savoir que contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, nombre de nos églises n’ont pas de fondations, par exemple, ne sont pas si solides qu’elles pourraient le laisser paraître. (…) Le patrimoine, c’est notre passé, notre Histoire, rappelle Alain Soularue, et je veux être optimiste mais j’en appelle à chacun, car le patrimoine parfois meurt en silence. Des opérations de restauration se révèlent parfois difficiles, je pense au cas de Lamazière-Basse en Corrèze où l’église est fermée depuis 2014, en dépit de la bonne volonté des élus, car la commune ne peut pas financer.
Constat partagé par Nicolas Vedelago : « Il y a 1000 monuments protégés en Limousin, moi-même je ne les ai pas tous vus, nos agents vont régulièrement constater l’état sanitaire. Mais c’est vrai que pour les élus, c’est du temps, du travail, un budget, souvent un conseil municipal à convaincre »
On pourrait faire plus, mettre plus de moyens, on n’est pas du tout à la limite haute de ce qu’on pourrait faire »