Pays basque et Galice : élections à risques pour le gouvernement espagnol

Deux régions d'Espagne, le Pays basque et la Galice, élisent ce dimanche leur Parlement lors d'un scrutin à risques pour le chef du gouvernement Mariano Rajoy, fragilisé par la crise économique et par la montée du nationalisme.

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En Galice, la terre natale de Mariano Rajoy, la droite tente de conserver la courte majorité absolue dont elle dispose depuis 2009. Au Pays basque, les indépendantistes devraient s'imposer comme la deuxième force régionale.

Mais l'Espagne semble se diriger vers une demande de sauvetage financier. Et dans un climat social alourdi par le chômage et par une cure d'austérité historique, c'est bien sur le thème de l'économie que devraient se jouer ces élections. Et un recul en Galice de son parti, le Parti populaire (PP), signifierait une humiliante défaite pour Mariano Rajoy, à la popularité déjà en chute.


L'appel à l'unité 


Sous la pluie, les électeurs basques ont pris le chemin des bureaux de vote un an après l'annonce historique par le groupe armé ETA, le 20 octobre 2011, qu'il mettait fin à la violence.
Dans la foulée de cette annonce, la gauche indépendantiste regroupée sous la bannière de la coalition Euskal Herria Bildu (EH Bildu) devrait gagner du terrain, derrière les nationalistes conservateurs du PNV.

Un défi supplémentaire pour le chef du gouvernement de droite, qui fait déjà face à une fronde séparatiste venue de Catalogne, puissante région du nord-est du pays. La crise économique y nourrit le sentiment nationaliste et les Catalans renouvelleront à leur tour, le 25 novembre, leur Parlement.

Mariano Rajoy, depuis la Galice, a d'ailleurs lancé vendredi un appel à l'unité. Voter pour le Parti populaire, "c'est voter pour les valeurs qui unissent tous les Espagnols, qui pour nous sont les mêmes en Catalogne, au Pays basque, en Galice et dans toute l'Espagne", a-t-il affirmé.



Le risque d'un vote sanction


Mais dans cette région du nord-ouest de l'Espagne, peuplée de 2,8 millions d'habitants et traditionnellement conservatrice, la crise fait des ravages comme dans le reste du pays : le chômage y atteint 21% et le score du PP pourrait souffrir si le vote se transforme en référendum sur la politique de rigueur que mène le gouvernement.
C'est d'ailleurs ce que semblent craindre les responsables locaux, dont l'un des fidèles de Mariano Rajoy, l'actuel président de région Alberto Nuñez Feijoo, qui, pendant la campagne, ont pris garde de se distancer du chef du gouvernement.

Même au Pays basque, l'économie semblait au devant des préoccupations des électeurs: cette région prospère de 2,2 millions d'habitants affiche un taux de chômage de dix points inférieur à la moyenne nationale, mais qui atteint 14,5% et, surtout, plus de 44% chez les jeunes.
"Ces élections ont deux clés, l'économie et le fait que cette fois tous ceux qui le veulent peuvent s'exprimer", assure Iñaki Arteaga, un ingénieur de 43 ans qui vient de voter à Bilbao.
"La situation des jeunes? Très mauvaise, tous les jeunes qui m'entourent, ou la grande majorité, n'ont pas d'emploi", témoigne Elvira Saotua, une électrice de 60 ans au chômage.
"Ce qui est démocratique, c'est que nous puissions tous voter, sans la tutelle de l'ETA ni de l'Etat", se réjouissait tout de même Iñaki Arteaga.


Quelles alliances pour gouverner?


Le fait marquant de ce scrutin pourrait être la percée de la nouvelle coalition indépendantiste EH Bildu : c'est sous cette banderole que la mouvance de Batasuna, parti interdit en 2003 en Espagne car considéré comme le bras politique de l'ETA, devrait confirmer son retour.

Le PNV quant à lui, même sans majorité absolue, devrait grâce à des alliances reprendre les rênes d'un pouvoir qu'il avait, en 2009, cédé pour la première fois en plus de trente ans aux socialistes.

Reste la grande inconnue: si les sondages voient juste, avec qui le PNV s'alliera-t-il pour gouverner ?
"Si c'est avec Bildu, la question identitaire, de la relation avec l'Espagne jouera un rôle central dans le fonctionnement de sa coalition", analyse Anton Losada, professeur à l'Université de Saint-Jacques de Compostelle, qui parie toutefois
plutôt sur une alliance avec les socialistes.
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