Plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi à Bayonne pour réclamer "la résolution du conflit" au Pays Basque, près de trois ans après l'annonce par l'organisation indépendantiste ETA de l'arrêt définitif de la violence.
Organisée par un collectif rassemblant une vingtaine d'associations, de syndicats et de partis politiques, la manifestation a rassemblé 8.000 personnes selon les organisateurs, 4.800 selon la police. Elle s'est déroulée sans incident.
Les manifestants ont demandé que le gouvernement français "s'engage de manière adéquate pour la construction de la paix au Pays basque".
Scandant des slogans en basque, ils ont notamment réclamé le rapprochement des prisonniers, la libération des détenus malades et le retour
des exilés.
Jeannine Beyrie, 60 ans, mère d'une militante emprisonnée à Fresnes (Val-de-Marne), et belle-mère d'un prisonnier malade, détenu au Pays basque
espagnol, s'est félicitée de cette mobilisation "encourageante pour l'avenir". "Tout le monde est responsable de ce conflit, et donc de sa résolution", a-t-elle insisté.
Des élus de tout bord
En tête de la manifestation, une centaine d'élus locaux de toute sensibilité politique s'étaient rassemblés derrière la banderole de tête, sur laquelle était inscrit "Droit de l'Homme, Résolution, Paix". "Il est de notre devoir d'interpeller le gouvernement français et indirectement l'Etat espagnol", a déclaré le maire UDI de Bayonne, Jean-René Etchegarray. "Une des conditions au bon déroulement du processus de paix est le rapprochement des prisonniers et son corollaire, la reconnaissance des victimes (du conflit). Or, aucun signe n'est donné en ce sens par l'Etat français", a-t-il déploré.Sénatrice socialiste des Pyrénées-Atlantiques, Frédérique Espagnac, a pour sa part jugé "inacceptable, la double peine infligée aux prisonniers basques" par l'éloignement. "Je soutiens le rapprochement des prisonniers et le retour des réfugiés. Des pas doivent être faits des deux côtés", a-t-elle estimé.
Regardez le reportage d'Allende Boutin et Emmanuel Clerc.
l'ETA refuse de se dissoudre
L'ETA, rendue responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, a annoncé le 20 octobre 2011 qu'elle mettait définitivement fin à la violence.Très affaibli, le groupe refuse néanmoins de se dissoudre et de rendre les armes, ce qu'exigent la France et l'Espagne, et demande des négociations sur le sort des prisonniers de l'ETA et de ses membres vivant encore dans la clandestinité.