Franck Lasserre a été reconnu coupable de l'assassinat de Frédéric Nadau. Il est condamné à 20 de réclusion et la cour d'assises de Pau retient la préméditation qui avait été contestée par l'accusé. Il ne fera pas appel.
Depuis mardi, le procès de Franck Lasserre, accusé de l'assassinat de Frédéric Nadau, professeur d'occitan de 32 ans, en 2010 à Lescar, se tenait aux Assises de Pau.
L'assassinat de Franck Nadau, qui avait en 2012 suscité un large écho médiatique lorsque l'accusé avait été libéré pour vice de procédure, a connu son épilogue vendredi avec la condamnation de Franck Lasserre à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir tué celui qu'il croyait être l'amant de sa femme.
Arrivé libre mardi à l'ouverture du procès, Franck Lasserre, graphiste de 44 ans et père de trois enfants, au gabarit moyen et au crâne chauve, est resté imperturbable à la lecture du verdict : 20 ans de réclusion. Son avocat a fait savoir qu'il n'entendait pas faire appel.
M. Lasserre était poursuivi pour avoir, le 8 septembre 2010 à Lescar, près de Pau, porté plusieurs coups de couteaux à Franck Nadau qu'il croyait à tort être l'amant de sa femme.
La victime avait pourtant réussi à s'enfuir jusqu'à la gendarmerie, distante de 200 m de son appartement, mais il sonna sans obtenir de réponse. Franck Lasserre, qui l'avait poursuivi, lui a alors asséné un dernier coup de couteau, cette fois-ci mortel.
Il ne fera pas appel
"Franck Lasserre accepte le verdict", a assuré son avocat, Me Thierry Sagardoytho. "La sincérité de ses mots prononcés en fin d'audience illustre son profond sentiment de culpabilité", a-t-il fait valoir.Au dernier des quatre jours de procès, Franck Lasserre, en se tournant vers sa femme, a déclaré d'une voix étouffée par les sanglots: "Je veux dire à Amélie qu'elle n'est en rien responsable (...) j'assume entièrement ma responsabilité".
Puis, se tournant vers la famille Nadau, il a dit demander "pardon d'avoir tué votre fils et votre frère (...) J'ai pu entendre que c'était un homme bon".
"Je l'ai trouvé à ce moment-là plus sincère que tout au long du procès", a déclaré Jean-François Nadau, le père de Frédéric, regrettant toutefois qu'il n'ait pas été "condamné à perpétuité".
La préméditation retenue
Me Sagardoytho avait affirmé "se garder de juger Mme Lasserre" qui avait reconnu à la barre "une relation platonique" avec la victime. "Elle a sans doute aimé Nadau (...) passé de longues heures à s'enflammer (...) en oubliant que l'homme qui vivait à ses côtés plongeait dans la souffrance", avait-il plaidé.Mais "elle parlait d'un ami et il pressentait un amant. De là, les soupçons sont arrivés et avec eux la perte de confiance. Bref, (Franck Lasserre) a perdu la raison", avait-il insisté.
Promettant de s'expliquer au premier jour du procès, le meurtrier avait confessé avoir voulu "que son coeur explose comme le mien avait explosé".
La cour d'assises a par ailleurs retenu la préméditation. M. Lasserre s'est rendu chez M. Nadau avec un couteau d'une lame de 13, 5 cm avec lequel il l'a poignardé, puis il est revenu l'achever devant la gendarmerie avec un second couteau d'une lame de 20 cm, dérobé chez M. Nadau.
Un écho médiatique
Cette affaire avait eu en 2012 un large écho médiatique en raison de la libération de Franck Lasserre pour un vice de procédure, son avocat n'ayant pu, un samedi matin, accéder à une audience portant sur la prolongation de sa détention, dans un tribunal aux portes fermées et au standard muet.Me Pierre Santi, avocat de la mère et la soeur, avait souligné que pour les deux femmes Frédéric Nadau était mort une deuxième fois lorsque le meurtrier présumé avait été libéré. Il rappelait ainsi que le dossier avait été entaché par un dysfonctionnement de la justice, exploité selon lui par l'accusé pour obtenir sa remise en liberté, sans aucun égard pour la gravité des faits.
La famille Nadau, ulcérée par cette remise en liberté, en avait fait un symbole des dysfonctionnements de la justice, poursuivant l'État qui a été finalement condamné en mars 2013 à lui verser 20.000 euros pour le préjudice subi.