Depuis le début de l'année, et avec le changement de la réglementation en France, les ventes de cigarettes ont encore chuté. Les buralistes du Pays basque tirent la sonnette d'alarme. Ils demandent des contrôles renforcés à la frontière avec l'Espagne.
"Il faut s'inquiéter pour les buralistes et surtout pour les buralistes du Pays basque, car on est en perdition". La confédération des buralistes et la fédération départementale annoncent une baisse de 12,5 % des ventes de tabac sur tout le territoire liée à l'achat transfrontalier.
Baisse des ventes
Depuis le début de l'année, le volume des ventes de tabac dégringole. Dans le Pays basque comme dans tout l'hexagone. Dans ce bureau de tabac de Boucau dans la banlieue de Bayonne, la baisse est constante. Pour maintenir son chiffre d'affaires, le buraliste vend de la presse, de la papeterie fantaisie, mais aussi des cigarettes électroniques, du CBD, des boissons, des chapeaux, des robes et même des montres. "On se diversifie un maximum, car le tabac augmente tout le temps. On continue à vivre du tabac, mais c'est devenu très compliqué. Tous les tabacs sont en baisse. Et tous les ans, c'est un peu moins", explique Maxime Courtade, un buraliste d'une trentaine d'années qui accuse le coup.
C'est "open bar" dans les pays voisins
Trafic à la sauvette au coin d'une rue et trafic transfrontaliers d'achats de cartouches de cigarettes qui se font dans les pays voisins, en Espagne concernant les buralistes basques. "Le marché du tabac est en chute libre depuis des années, pire, un marché parallèle se met en place et il ne résout pas le problème de santé publique. On manque de visibilité sur le marché du tabac, mais aussi sur la réglementation, parce que le décret sur le transport du tabac a été mal présenté."
L'été a été un loupé côté français, même si les contrôles ont été réalisés, le mal est fait !
Erwan Garcia Recio,directeur communication confédération des buralistes (64)
Depuis le 29 mars 2024, la législation européenne permet de ramener 800 cigarettes, 400 cigarillos, 200 cigares et un kilo de tabac à rouler par personne. Les Français ne sont plus limités à une cartouche de cigarettes par personne en rentrant d'un autre pays européen.
La législation évolue, mais les contrôles des douanes, notamment à la frontière avec l'Espagne, continueront pour lutter contre le trafic de tabac avec de nouveaux critères, avaient alors annoncé les pouvoirs publics.
Geler les prix du tabac
"Les fumeurs savent qu'ils peuvent acheter des cigarettes dans le pays voisin à un prix inférieur de 50 %", poursuit Erwan Garcia Recio. "Aujourd’hui, il y a des personnes qui font des kilomètres pour aller faire le plein en Espagne, et ce n'est pas possible, ce n'est pas open bar comme cela a pu être dit. En France, il y a un réseau de buralistes agréés, il faut respecter les règles".
La confédération des buralistes déplore une baisse des ventes de plus de 12 % au premier semestre 2024 par rapport à 2023. "Il faut geler les prix, arrêter d'augmenter les prix du tabac en France, ce n'est pas la bonne solution, ça ne répond pas aux enjeux de santé publique. Deuxièmement, il faut durcir le ton en termes de sanctions et de contrôles", insiste Erwan Garcia Recio.
Contrôles "coup de poing"
La fédération départementale constate que depuis la nouvelle hausse du tabac et le changement de la réglementation fin mars, la situation est intenable pour les buralistes. "Nous étions une exception européenne avec l'achat d'une seule cartouche autorisée par personne et puis nous avons dû nous mettre en conformité avec l'Europe en accordant quatre cartouches par personne avec douze points de contrôles. Mais ce décret n'a pas été tout à fait bien rédigé selon nous et surtout, il a été mal compris. Ce n'est pas open bar, rappelle François Dupin, président de la fédération départementale des buralistes 64. "On peut ramener quatre cartouches, mais pas ramener quatre cartouches de cigarettes de marques différentes, ça, c'est du commerce illicite !".
Les buralistes du Pays basque ont signé une convention sécurité avec la préfecture des Pyrénées-Atlantiques et les douanes "pour envoyer un signal fort" et conjuguer police, gendarmerie et douanes pour opérer des contrôles fréquents et "coup de poing" des véhicules à la frontière.