"C'est de la provocation !" Colère des éleveurs devant des agneaux de Nouvelle-Zélande, ils vident un supermarché de ses gigots

Une trentaine d'agriculteurs de la branche basque ELB de la confédération paysanne se sont introduits sans heurts dans les rayons d'une enseigne Intermarché à Hasparren dans les Pyrénées-Atlantiques, et ont rempli des chariots de plusieurs dizaines de gigots d'agneau en provenance de Nouvelle-Zélande. Une opération médiatique pour défendre la filière ovine locale.

Tout un symbole à l'approche de Pâques dans cette région où l'agneau de lait est une tradition et une spécialité. "On a mené cette action, car Hasparren est une commune à forte population agricole. Il y a 7 000 habitants, mais on pense qu'il y a plus d'ovins que d'habitants", avance Laurent Blastre. 

Une "provocation" et un "non-sens"

Cet éleveur ovin à Hasparren a participé à cette opération ce mardi matin, car "vendre des agneaux de Nouvelle-Zélande, en pleine campagne, c'est de la provocation".

Le libre échange est en train de tuer l'agriculture française !

Laurent Blastre,

éleveur ovin à Hasparren (64)

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Des agriculteurs du syndicat ELB poussent des chariots remplis de gigots d'agneau en provenance de la Nouvelle-Zélande et sortent d'un supermarché à Hasparren, dans le Pays basque. • ©France 3 Euskal Herri

La branche ELB de la confédération paysanne, un syndicat pour la défense des paysans du Pays basque et la promotion d'une agriculture de qualité, a posté ses propres images de l'opération de ce mardi 26 mars sur son compte Facebook. Les commentaires sont en basques et traduits en français. " En cette saison de Pâques, nous nous inquiétons de la présence de pièce de viande, d’agneaux venus de Nouvelle-Zélande dans les supermarchés d’Iparralde. Pour dénoncer ce non-sens, une trentaine de paysans se sont mobilisés ce matin". 

"Concurrence déloyale"

ELB fait part de son désaccord avec les différents accords internationaux, dans lesquels la France et l'Europe s'engagent et particulièrement UE-Nouvelle-Zélande. Le syndicat a adressé une lettre ce mardi à Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, afin de l'interpeller sur ces "accords de libres-échanges". "Ils ont un impact très négatif sur les productions agricoles locales, notamment dans les filières d'élevage et aboutissent à la mise en concurrence déloyale de nos paysans engendrant l'impossibilité pour eux de se rémunérer correctement", est-il écrit dans ce courrier. 

Un agneau néo-zélandais vendu trois fois moins cher

Le prix de l'agneau de lait du Pays basque et des Pyrénées est variable. Il coûte environ 22 euros le kilo à Hasparren, mais chez certains producteurs de la région, on trouve le demi-agneau à 24,50 euros le kilo, soit 73,50 euros pour trois kilos.
Beaucoup moins cher, l'agneau vendu en gigot origine Nouvelle-Zélande et commercialisé par l'enseigne Intermarché à Hasparren, est à 8,78 euros le kilo, soit 19,14 euros pour un morceau de 2,180 kilos. Certains gigots sont vendus frais et d'autres congelés dont " la date d'emballage remonte à 2022 et qui ne sont vendus que maintenant ", déplore l'éleveur.

Il y a aussi de l'agneau local qui est vendu ici. Mais en période de Pâques, on estime que l'agneau de Nouvelle-Zélande ne devrait pas nous faire de la concurrence.

Laurent Blastre

Eleveur

Un argument que comprend le directeur de l'enseigne qui n'est pas entravé l'action des agriculteurs. "Moi-même fils d'agriculteurs, c'est une cause qui me tient à cœur, je comprends, mais il faut une cohérence et que le gâteau soit mieux partagé, pour que chacun vive simplement et raisonnablement", explique François Sabaloue, le directeur du magasin Intermarché d’Hasparren.

Les agriculteurs ont dit "réserver un agneau de Nouvelle-Zélande" pour le ministre Marc Fesneau. Les manifestants ont quitté le magasin en fin de matinée sans faire de dégâts.