C’est le premier projet concret de coopération transfrontalière du Pays basque. Un dossier vient d’être déposé à la commission européenne pour faire labelliser le cidre basque, une boisson millénaire typique de cette région du sud-ouest de la France.
“C’est un jour historique”, martèle Joseba Erremundéguy, chargé de la coopération transfrontalière à la communauté de communes du Pays basque. Ce 19 janvier, une conférence de presse se tenait à San Sebastian pour annoncer le dépôt d’une demande de labellisation AOP du cidre basque, l’euskal sagarnoa. C'est une première pour les représentants des institutions et des professionnels de la filière du cidre des sept provinces du Pays basque. Leur pratique, si elle est millénaire, veut désormais se sanctuariser.
Ailleurs en France, dans le Cotentin, un cidre vieilli en cave, a déjà été distingué par une AOP et d'autres démarches sont en cours dans le pays de Caux, en Normandie.
Trois familles de cidre
Contrairement à ses homologues plus au nord, le cidre basque prend son temps. Après une récolte de septembre à Noël, sa maturation plus longue, sans aucun ajout de sucre, donne à cette boisson dorée une saveur plus acide et des bulles fines. Au Pays basque, deux cent variétés de pommiers donnent chaque année plus de 200 000 bouteilles de cette boisson si particulière. “Il y a une variété de pommes que l’on ne trouve pas ailleurs et qui font la typicité de nos cidres”, indique Bixintxo Aphaule, producteur de pommes. Sur sa propriété de Jaxu, 2 500 pommiers sont cultivés.
On a un climat unique, des sols multiples qui donnent en réalité trois familles de cidre basque.
Bixintxo Aphauleproducteur de pommes
Depuis trente ans, ces cidres sont au cœur des recherches d'une association d’ingénieurs et de passionnés qui veut faire perdurer ce savoir-faire. Aujourd'hui, la filière veut s'élargir et valoriser économiquement ses produits “Si nous obtenons l’AOP, ce sera une vitrine pour l’excellence de nos produits. Cela nous permettra de développer et de légitimer notre filière”, indique Joseba Erremundéguy.
La tradition se prolonge jusqu’à la dégustation. Au Pays basque, le cidre se déguste aussi au tonneau, d’un grand geste, verre en main pour “oxygéner” le produit. Des coutumes que l’on retrouve notamment dans les cidreries basques.
► Reportage de France 3 Euskal Herri
Traduit en trois langues
Après six mois de procédure, le dossier est enfin arrivé entre les mains de la commission européenne. “Il a notamment fallu faire un travail très précis sur les traductions enter le français, le basque et l’espagnol”, explique Joseba Erremundéguy.
🍏 🍎 Journée historique pour la coopération transfrontaliere. @joseba_e @arantxa_tapia et Jose Mari Aierdi annoncent aux côtés des représentants de la filière du #CidreBasque le dépôt commun de la première #AOP transfrontalière basque @hazifundazioa #EHLG pic.twitter.com/2zMMBdeOHc
— CommunautéPaysBasque (@CommunautePB) January 19, 2024
Si la commission européenne valide cette demande, “cela pourra nous permettre d’ouvrir la porte pour d’autres propositions d’AOP”, indique Joseba Erremundéguy. Ce projet, élaboré entre le pays basque espagnol et français, est l'un des premiers actes "concrets" de la coopération transfrontalière, lancée par les acteurs locaux, depuis 2018.