Trois ans après le lancement de son projet, l'entreprise basque PureNat a levé 1,5 million d'euros pour entamer sa production d'un matériau de synthèse innovant qui filtre et dépollue.
Près de 99 % de la population mondiale respirent un air qui dépasse les limites fixées par l'Organisation mondiale de la santé pour sa qualité. Avec 3,8 millions de personnes qui décèdent chaque année, la pollution de l'air intérieur serait la quatrième cause de mortalité mondiale. Face à ce fléau, l'entreprise basque PureNat travaille depuis trois ans à l'élaboration d'un matériau innovant. Un simple textile capable de filtrer et de dépolluer l'air, pouvant éliminer aussi bien polluants chimiques, que virus et bactérie.
Début de la production
"Ces textiles sont capables, non seulement, de stopper les polluants organiques de l'air, mais aussi pour la première fois, de les détruire, ce qui est totalement innovant dans le monde du traitement de l'air", s'enthousiasme Manon Vaillant, directrice de la start-up et ingénieure en biotechnologies.
Le fil, transformé en textile, est inspiré d'algues marines. Une formulation chimique qui imite celui des alvéoles des algues marines, fruit de plusieurs années de recherches menées par Natacha Kinadjian Caplat, docteure en physico-chimie des matériaux.
L'enjeu est d'installer nos premières machines de production en minisérie et de monter en cadence industrielle toute l'année pour finir en grande série.
Manon Vaillantdirectrice PureNat
Pour financer le projet, les deux scientifiques ont levé 1,5 million d'euros pour commencer la production, déjà brevetée. Un nouveau cap pour l'entreprise, implantée dans la Technocité de Bayonne, qui espère toucher un marché mondial. "Aujourd'hui, à travers cette levée, on devient vraiment des industriels avec des vraies capacités de production", se réjouit Manon Vaillant.
Chantiers pilotes
Pour l'heure, PureNat sous-traite les deux premières phases de fabrication puis internalise l'ultime étape "qui finit de rendre actif le matériau". À terme, elle ambitionne la mise en place de "chantiers pilotes" pour mettre en pratique le nouveau matériau sur des sites industriels.
"Le but est de faire la démonstration sur de la dépollution de rejets industriels ou le traitement de l'air intérieur, dans les usines dans lesquelles il y a l'application de peintures, solvants ou résines qui émettent des gaz à forte concentration et qui exposent les opérateurs et mettent en danger leur santé", précise la directrice. Sept contrats de collaboration ont déjà été signés.
Car pour les scientifiques, l'enjeu de santé est primordial, tout comme l'intérêt environnemental. "C'est un double enjeu de santé publique : de venir dépolluer pour permettre aux populations de mieux respirer et aussi arrêter de dérégler la planète et le climat", souligne Manon Vaillant.