Le frelon asiatique menace plus que jamais les abeilles, la mobilisation s'organise au Pays-Basque

Les apiculteurs basques dénoncent l'inaction de l'Etat en matière de lutte contre le frelon asiatique, menace redoutable pour les abeilles et la pollinisation. Ils appellent citoyens et élus locaux à les rejoindre ce samedi 20 mars à Bayonne pour organiser une lutte commune et efficace.

"Regardez là c'est un frelon asiatique qui vient attaquer les ruches". 

Cathy Tassy est apicultrice à Urt dans le Pays-basque intérieur. La chasse au frelon est devenu son quotidien.

"On peut avoir 5, 10 frelons sur une ruche. J'ai un collègue à Anglet qui attrappe 300 frelons par jour, il a une dizaine de ruches."

Elle, comme ses collègues, a mis au point toutes sortes de pièges pour préserver leurs populations d'abeilles. 

"On installe des bouteilles avec du cassis et de la bière. On passe aussi avec des raquettes de badminton et on les tape pour les éliminer ou avec des filets qu'on a spécialement fabriqués pour les attrapper". 

Des milliers d'abeilles sont nécessaires pour nourrir un seul nid de frelons asiatiques

En ce moment, les apicullteurs cherchent à tuer un maximum de reines pour éviter qu'elles forment des nids.

"Une seule reine, que l'on appelle une fondatrice, peut produire une colonie de 1000 à 5000 frelons" nous apprend Jean-Christophe Lahontan, apiculteur à Itxassou. "Ça représente une pression tellement forte que ça détruit les ruches".

Pour nourrir ces villages entiers de frelons, les insectes, et plus particulièrement les abeilles, sont des proies de premier choix.

"Lorsqu'il attrappe une abeille, le frelon prélève le thorax car c'est là où il y a le plus de protéines et il le ramène dans le nid pour le donner à manger aux autres frelons et aux larves".

Urgence à organiser une lutte globale et efficace

"Cette espèce invasive représente un réel problème écologique" affirme Jean-Christophe Lahontan.

"Il représente une réelle menace pour les abeilles au point que dans certaines zones, il est devenu impossible de les élever " s'inquiète l'Union Nationale de l'Apiculture française. Les impacts sur la pollinisation seraient estimés à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Ce frelon asiatique, apparu au début des années 2000 en France, a aujourd'hui colonisé la quasi-totalité de l'hexagone selon l'Unaf. Et il a commencé à s'installer dans 9 autres pays européens.

Les professionnels dénoncent "l'inaction de l'Etat" dans un combat qu'ils estiment prioritaire.

Ils ont mis au point un guide proposant "d’organiser et d'encadrer les pratiques de lutte". Leur objectif est de mobiliser un maximum d'élus locaux et de leur expliquer comment agir à l'échelle de leur collectivité. 

Guide pratique de lutte contre le frelon asiatique

 

Mobilisation à Bayonne ce samedi pour "tirer la sonnette d'alarme"

Ce samedi 20 mars 2021, "jour du printemps et journée mondiale du bonheur", les apiculteurs du Pays-basque invitent citoyens et élus à les rejoindre sur le marché de Bayonne. 

"Ce sera l'occasion de sensibiliser sur les bons gestes à avoir mais aussi d'informer sur les menaces" explique Jean-Christophe Lahontan.

Le but est de récolter un maximum de signatures pour la pétition qu'ils feront circuler. "Nous demandons un plan d’action anti-frelon asiatique de toute urgence et que le décret du 23 avril 2017 soit mis en application". 

Ce collectif "SOS nos abeilles" compte interpeller les députés, le Préfet, le Président du Conseil départemental...ainsi que les médias.

A 11 heures, ils se rassembleront sur le pont Pannecau pour faire entendre leur voix. 

"Le frelon asiatique constitue une menace croissante pour les abeilles, pour la biodiversité, pour les citoyens, pour nos territoires. 2020 a été une année record pour la prédation d’abeilles par le frelon asiatique. La plupart des apiculteurs professionnels ou amateurs ont perdu plus de la moitié de leur cheptel" peut-on lire sur la pétition.

Les apiculteurs martèlent que seule une action collective permettra de réduire les menaces.

Jean-Christophe Lahontan prend pour exemple les nombreux cas d'habitants qui ne détruisent pas les nids en raison du coût que cela représente. "L'année suivante il y a 50 ou 100 autres nids qui risquent de se former. Il faut une politique de destruction gratuite sur le domaine privé comme sur le domaine public" conclut-il.

 

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