Le parquet de Bayonne a ouvert une enquête pour “ faits de violences en réunion sur un élu”. Ce mercredi 10 avril. le maire de Cambo-les Bains a chuté lors d’une bousculade entre l’équipe municipale et des manifestants, venus perturber le conseil municipal qui protestait contre le projet immobilier Marienia.
L’affaire n’est pas terminée. Ce jeudi 11 avril, le procureur de la république de Bayonne Jérôme Bourrier a annoncé l’ouverture d’une enquête pour “faits de violences en réunion sur un élu” après les heurts qui se sont déroulés au conseil municipal de Cambo-les-Bains ce mercredi soir.
"Tentatives d’intimidations"
Ce mercredi soir, le conseil municipal de Cambo-les-vains a débuté il y a une quarantaine de minutes. Il est alors interrompu par une cinquantaine de manifestants. Bâton de marche en main, ils frappent le sol tout en agitant des cloches. “L’objectif, c'était de rester jusqu’à ce que le conseil annule la réunion de ce soir, puisqu’on nous refuse le dialogue”, explique Dominique Amestoy, président de l'association Lurzaindia.
Le vacarme va durer deux heures, empêchant la poursuite de conseil municipal. “Pendant deux heures, il y a eu un face-à-face tendu. Le maire aurait pu apaiser rapidement en annonçant un rendez-vous. Il ne l’a pas fait”, suppose Argitxu Hiriart Urruty, conseillère municipale d'opposition.
Vers 22 h 10, le maire, inaudible, rédige un message. “Je suspends la séance”, y annonce-t-il. L’édile se lève et tente de sortir de la pièce, escorté par les gendarmes venus sécuriser la mairie. En vain, les manifestants forment un barrage pour maintenir les élus à l’intérieur. Une bousculade éclate, Christian Devèze chute et reste quelques secondes au sol. Finalement évacué, il est transporté à l’hôpital de Bayonne. Selon nos confrères de France Bleu, il en sortira aux alentours de 4h du matin.
On les a empêchés de travailler comme ils nous empêchent de travailler nos terres.
Dominique AmestoyAgriculteur retraité et président de l'association "Lurzaindia"
Dans les heures qui ont suivi, les réactions en soutien à l’édile se sont succédé. Les maires de Bayonne, d’Hasparren, Max Brisson ou encore le président du département ont témoigné leur colère et leur soutien. Peu avant minuit, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a diffusé un communiqué condamnant les “tentatives d’intimidations”. “Le préfet Julien Charles condamne fermement les tentatives d’intimidation subies par les élus de la République, qui ont culminé ce soir par une situation de tension entraînant une bousculade et la chute au sol du premier magistrat de la commune”, indique la préfecture.
Dix ans de lutte
Lors de l’action, des pancartes “Marienia, laisse béton” ont été brandis. Les manifestants, en majorité des agriculteurs, demandent, depuis dix ans, la fin du projet Marienia qui vise à construire une centaine de logements, dont la moitié sociaux, à l’entrée de la commune. “Les paysans étaient déjà venus à un conseil municipal précédent. Ils avaient demandé un rendez-vous au maire qu’il avait refusé. Ils avaient promis qu’ils reviendraient”, rappelle Argitxu Hiriart Urruty, conseillère municipale d'opposition.
Je crois que le maire a sous-estimé la colère du monde paysan.
Argitxu Hiriart UrrutyConseillère municipale d'opposition
Ces terres seraient en effet occasionnellement utilisées pour de l’agriculture. Pour autant, les documents officiels ne les référencent pas en terres agricoles. Le projet, confié au constructeur Bouygues est cependant à l’arrêt. “Nous leur avons déjà dit qui nous attendions la fin de l’épisode judiciaire, mais tant que la justice saisie n’a pas rendu ses jugements, nous avons du mal à nous positionner différemment que les actions déjà actées”, avance la première adjointe à la mairie de Cambo-les-Bains, Eliane Aizpuru.
Après le rejet du recours des associations par le tribunal de Pau, le dossier est désormais entre les mains de la Cour d’appel administrative du tribunal de Bordeaux. Il devrait rendre sa décision, d’ici à juin prochain.