“On a le droit d’être fatigués, on doit le dire”. Deux laiteries veulent lever le tabou des congés pour les agriculteurs

Comment assouplir la charge de travail et dégager du temps libre dans des métiers où la prise de congés est longtemps restée taboue ? Au pays basque, les laiteries Onetik et Etxaldia permettent à 43 producteurs de bénéficier de l’aide de cinq emplois partagés.

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Depuis quelques mois, Cécile Monaco peut souffler. Basée à Urepel dans la vallée des Aldudes, son exploitation de brebis laitières, vaches et porcs basques a reçu l’aide, non négligeable, d’un jeune ouvrier pour l’aider sur les tâches les plus lourdes de sa ferme. "Il m’a aidée pour la traite, à la cave à fromages et à la tonte des brebis, où il a pu s’adapter aux spécificités de notre ferme", explique l'agricultrice.

10 jours à 0 euros, un coup de main précieux pour alléger la charge mentale de l’agricultrice, également maman, quand son emploi du temps le lui permet : "Ça nous permettra de prendre 4 ou 5 jours en Août. C’est une demande qu’on n’osait pas faire avant". 

Mais après réflexion, c’est vrai qu’on a aussi le droit, nous les agriculteurs, d’avoir du temps pour nous et pour notre famille.

Cécile Monaco

Éleveuse à Urepel

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Deux laiteries du Pays basque mettent à disposition 5 ouvriers à leurs exploitation laitières pour permettre aux éleveurs de dégager des temps de congés. ©France télévisions, Allande Boutin et Sandrine Estrade

Cinq ouvriers agricoles en CDI

Ce nouveau dispositif, financé par les laiteries Onetik et Etxaldia à hauteur de 100 000 euros pour l’instant, vise à alléger la charge mentale des éleveurs des coopératives Berria et AEK. "L’idée c’est d'abord de dégager du temps pour prendre quelques jours, mais aussi en cas de coup dur", précise Eddy Cussac, le directeur de la fromagerie Onetik. 

Organisé en lien avec la Fédération départementale du Service de remplacement 64, il permet à 43 exploitations de se partager l’aide de cinq ouvriers agricoles. Quatre CDI ont déjà été signés, et un cinquième devrait l’être très prochainement.  "Un emploi partagé qui travaille régulièrement sur l’exploitation, c’est quelqu’un qui a l’habitude de la ferme", poursuit Eddy Cussac.

C’est l’assurance d’être remplacé efficacement en cas d’absence urgente, et une charge mentale en moins. 

Eddy Cussac

Directeur de la fromagerie Onetik

Les métiers de l’agriculture demandent une présence quotidienne. Chez les éleveurs notamment, la passion professionnelle empiète souvent sur la vie personnelle. Et les conséquences peuvent être dramatiques : fatigue, burnout, dépression. Selon une étude de la MSA, mutuelle agricole, le risque de mortalité par suicide d’un agriculteur est plus de 40% plus élevé que dans la population générale. "

"Faire tomber les tabous"

"On entend ça depuis des générations : un agriculteur travaille tout le temps et ne prend pas de congés, souligne le directeur de la fromagerie.  C’est un métier de vocation, de passion, mais qui doit être en phase avec le monde actuel, qui demande à faire des pauses. Le contexte sociétal a évolué : la compagne ou le compagnon n'est pas forcément agriculteur, ne travaille pas forcément sur l’exploitation. Il faut faire tomber les tabous". 

 

On a le droit d’être fatigués, et de vouloir prendre du temps pour soi, et on doit le dire.

Eddy Cussac

Directeur de la fromagerie Onetik

Aujourd’hui sur le département des Pyrénées atlantiques, 850 éleveurs ont recours à ce genre de système partagé d’aide et de remplacement. Ils peuvent servir à dégager des congés parentaux, ou des vacances, bien méritées. 

 

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